Trois jours, trois nuits. C’est le temps dont disposent les députés membres de la commission des Affaires sociales pour décortiquer la réforme. Les parlementaires membres de la commission des Affaires sociales se pencheront, jusqu'à jeudi soir, sur le fond du projet, éclipsé depuis un mois par l'affaire Bettencourt.
Débats dans le secret
Il s’agit là d'un tour de chauffe en commission qui précède la vraie bataille parlementaire dans l'hémicycle qui débutera en septembre. Présenté le 13 juillet en Conseil des ministres, le projet de loi acte la fin de la retraite à 60 ans, l'âge légal de départ étant relevé à 62 ans à l'horizon 2018. Une proposition qui est loin de faire l’unanimité. Au total, quelque 400 amendements ont été déposés. La plupart émanent de l'opposition et n'ont, sauf exception, aucune chance d'être adoptés. 80 sont issus de l'UMP.
Selon une source du côté de la majorité, les responsables du groupe UMP "veilleront aux grands équilibres du projet de loi", ce qui laisse supposer que le texte ne bougera quasiment pas au stade de la commission. Une trentaine d'amendements, au plus, devraient donc être adoptés, peut-être par exemple sur le renforcement de l'épargne-retraite.
Le ministre qui porte la réforme, Eric Woerth, sera présent en commission et les réunions auront lieu dans la plus grande confidentialité. Le président UMP de la commission, Pierre Méhaignerie, a opposé une fin de non-recevoir au PS sur la publicité des débats. "Le gouvernement a peur d'un débat contradictoire" sur cette réforme "injuste", accuse la gauche.
Marisol Touraine, députée socialiste de l’Indre et Loire, juge malhonnête le calendrier choisi par le gouvernement. "On voit que le gouvernement refuse ce qu’est le débat démocratique par excellence. C’est-à-dire la confrontation".
La pénibilité, sujet majeur
Face à la polémique, Pierre Méhaignerie a programmé des points presse à l'issue de chaque séance de travail, certaines finissant à minuit. De leur côté, les députés PS tiendront des conférences de presse distinctes pour défendre leurs arguments.
Le "travail complémentaire" sur le texte se déroulera dans l'hémicycle en septembre, ajoute-t-on de source parlementaire, notamment sur la pénibilité, qui sera l'un des sujets majeurs abordés en commission, à gauche comme à droite. Le gouvernement souhaite attendre la rentrée et apprécier la mobilisation syndicale dans la rue pour acter les quelques concessions entrouvertes par Nicolas Sarkozy : pénibilité donc, mais aussi actifs ayant commencé à travailler avant 18 ans et polypensionnés.