Sur les 4,9 milliards d’euros de pertes imputées à Jérôme Kerviel, la Société Générale en a récupéré 1,7 milliard, grâce à un dispositif fiscal. Cette information, révélée dimanche par Europe 1, a été mal accueillie tant par le camp de l’ancien trader que par une partie de la classe politique.
"C’est le contribuable qui paye"
"C’est invraisemblable", s’est ainsi emporté Olivier Metzner, avocat de Jérôme Kerviel, sur Europe 1. "Cela démontre que la Société Générale n’a jamais joué la transparence, qu’elle cache les choses par intérêt purement financier, se moquant de l’aspect humain de cette affaire." Maître Metzner a répété qu’il ne voulait pas négocier avec la banque. " Je ne discute pas avec des gens qui ne jouent pas la transparence et qui trompent la justice", a-t-il lâché.
François Hollande peine également à comprendre. "Comment admettre que lorsqu'une banque fait une erreur ce soit le contribuable qui paye", s'est interrogé l’ancien premier secrétaire du PS dimanche sur Canal+. "Parmi toutes les choses choquantes dans cette affaire, et il y en a beaucoup, maintenant on apprend que la Société Générale va être remboursée pour son manque de vigilance et de diligence par rapport à ce qui devait être fait pour surveiller un de ses traders", a-t-il regretté. "C'est pour cela qu'il faut changer aussi un certain nombre de lois."
"Tout à fait normal"
Nicolas Dupont-Aignan va plus loin. "La Société Générale doit rembourser les Français", écrit le président de Debout la République dans un communiqué. "En dépit du bon sens, l'Etat a déduit cette somme, équivalente à plus de trois fois le coût des réductions d'impôts pour les jeunes mariés, car il a jugé que la Société Générale n'était pas responsable de cette perte, et cela bien avant le jugement rendu mardi dernier."
Du côté de la banque, on se défend en s’appuyant sur le jugement rendu mardi dernier. "Il est indubitable, et le tribunal l’a dit, que Jérôme Kerviel, par sa fraude, a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la banque. Dire le contraire aujourd’hui serait diffamatoire. Il n’y a pas de doutes sur le montant du préjudice de la banque ", a rappelé Jean Veil, avocat de la Société Générale, avant d’estimer que son client était dans son bon droit : "Ayant moins gagné d’argent du fait de la fraude de Jérôme Kerviel, la banque a payé moins d’impôts. C’est une situation tout à fait normale."