La prise de position. Ils sont non seulement favorables à l'exploitation du gaz de schiste. Mais ils se posent également en partisans de la fracturation hydraulique, cette technique décriée par François Hollande lui-même et qui consiste à percer le sol pour y injecter de grandes quantités d'eau et de produits chimiques. Le député PS Christian Bataille et le sénateur UMP Jean-Claude Lenoir ont remis jeudi soir leur rapport sur "les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l'exploration et l'exploitation des hydrocarbures non conventionnels".
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La mission. Les deux parlementaires ont été chargés, en début d'année, d'étudier les "techniques alternatives" à la fracturation hydraulique par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), organisme qui rassemble des élus de tout bord. Une commande qui avait suscité la colère des écologistes, y voyant là le retour du gaz controversé dans un débat qu'ils pensaient clôt.
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La fracturation… politique. "Ce rapport est une nouvelle provocation", a dénoncé jeudi le député EELV Noël Mamère, y voyant l'emprise du "puissant lobby pétrolier". Les écologistes sont unanimement et farouchement opposés à toute exploitation du gaz polémique. Et les socialistes se déchirent entre les opposants purs et durs, les partisans d'une alternative à la fracturation hydraulique et ceux qui ont confiance en cette méthode. Au sein même de l'exécutif, la ministre de l'Ecologie Delphine Batho se range dans la première catégorie, quand François Hollande se montre plus ouvert et Arnaud Montebourg clairement partisan de l'exploration.
Pourquoi les rapporteurs sont pour le gaz de schiste. "Nous ne sommes pas dans l'addiction au pétrole et au gaz. Mais s'il y a des ressources sous nos pieds, les exploiter diminuera celles que nous achetons très cher à l'étranger", s'est expliqué jeudi le rapporteurs UMP Jean-Claude Lenoir, en soulignant que la facture énergétique de la France, en 2012, s'élevait à 68 milliards d'euros.
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Les deux élus estiment, entre-autres, que le gaz de schiste peut même se révéler un atout majeur dans la transition vers des énergies propre, puisqu'il pourrait permettre de la financer grâce aux retombées économiques perçues par les collectivités. D'autant que, selon eux, la France ne sera pas en mesure de se passer des énergies "sales" avant un certain nombre de décennies. "Dans la période qui s'ouvre, nous continuerons d'utiliser des hydrocarbures (...) ; d'ici à 2030, 2040, voire 2050 nous continuerons d'utiliser du pétrole, du gaz", explique ainsi Jean-Claude Lenoir.
Pourquoi ils sont pour la fracturation hydraulique. "La fracturation hydraulique reste la technique la plus performante, la plus facile à utiliser, et celle qui est utilisée aujourd'hui n'a rien à voir avec celle qui a été utilisée auparavant", assure le sénateur Jean-Claude Lenoir. La France a, selon le rapport, parfaitement la capacité de développer une filière de fracturation respectueuse de l'environnement. Et de souligner que plusieurs entreprises françaises sont déjà en pointe sur certaines étapes du processus aux Etats-Unis, comme Veolia dans le traitement de l'eau utilisée pour cette technique.
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"La France possède toutes les compétences scientifiques, techniques et industrielles, à tous les niveaux de la filière, pour créer une filière de fracturation propre", estiment les rapporteurs. Ils avancent, même, que la fracturation hydraulique aurait déjà été utilisée en France "à au moins 45 reprises" entre les années 1980 et l'interdiction de 2011, "sans qu'aucun dommage ait été signalé".
Et le gaz de houille ? Les co-rapporteurs ont également appelé à exploiter sans tarder les gisements de gaz de houille (gaz contenu dans du charbon) dans le Nord et l'Est de la France, comme le prône déjà le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. "Nous pourrions avoir une ressource comparable à celle de Lacq en Lorraine et dans le Nord-Pas-de-Calais, et approvisionner la France en 'gaz national' pour 30% de ses achats pendant 40 ans", et ce d'ici 5 ans, a plaidé le socialiste Christian Bataille.