Le Garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas effectue jeudi un premier retour sur expérience du module "Respecto", en visitant la prison de Mont-de-Marsan, où il est en test depuis janvier 2015. Ce module, qui accorde plus d'autonomie aux prisonniers en échange de contreparties, a depuis été étendu à quatre autres établissements - pour un nombre total de près de 800 détenus en France - dont Villepinte. Dans cette maison d’arrêt, 190 détenus sont concernés, soit un cinquième de la détention, dans une prison où la surpopulation atteint les 195% et dont la moitié des occupants a moins de 25 ans. Le principe peut paraître fou sur le papier : la journée, les détenus ont la clé de leur cellule !
Bénéfique pour les détenus. Dans le bâtiment E règne un brouhaha inhabituel. Dans les couloirs, on croise des détenus avec souvent leur clé de cellule autour du cou. De 7h30 à 18h, ils ont accès libre à la douche, à la cour de promenade et au terrain de sport l'après-midi. En échange, les détenus se lèvent à 7h30, sont de corvée de ménage et distribuent les repas. Ils sont aussi tenus de participer à des ateliers d'éducation civique et à un strict respect des règles. Des contreparties bien acceptées. "J'ai connu la prison fermée pendant longtemps, là c'est plus ouvert. Je vois bien le changement sur ma personnalité. Être enfermé toute la journée, cogiter, c'est pas top", explique un détenu. "Par rapport à un bâtiment normal, ce n'est pas la même détention. Ici, on est très orientés vers l'insertion", estime un autre.
Nouveau rôle pour les surveillants.Pour les surveillants, le quotidien change aussi. "Les rapports sont totalement différents, il y a beaucoup moins de tension. Le surveillant redevient quelqu'un d'accessible. C'est une évolution, il faut être plus dans l'observation et le travail au quotidien avec les personnes et plus seulement dans l'ouverture et la fermeture de portes". En plus des règles imposées, le personnel distribue bons et mauvais points comme à l'école. A la clé, l'exclusion définitive ou des bonus comme des parloirs plus longs. Depuis sa mise en place en septembre, l'expérience a suscité une liste d'attente de 150 personnes.