Ils ont peut-être vécu les cinq minutes les plus angoissantes de leur vie. Vendredi dernier, une simulation d'attentat a eu lieu à l’Ecole supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) de La Roche-sur-Yon, en Vendée. Le problème ? Tout le monde n'était pas au courant, rapporte Ouest France. Et l’événement a suscité une certaine "détresse" chez plusieurs étudiants en formation pour devenir professeurs des écoles.
Les faits. "A 14h30, les 70 étudiants perçoivent par les vitrages intérieurs, un individu tirant à l’arme lourde dans le couloir. Les balles sont à blanc, mais, hormis trois responsables de l’école, personne ne le sait", raconte le quotidien local. Les étudiants et leurs professeurs restent alors confinés dans leurs salles pendant cinq longues minutes, avant que le procureur de la République entre dans les salles pour une séance de "débriefing".
Le choc. Un professeur cité par Ouest France raconte : "On a vu un type qui hurlait dans le couloir en tirant avec une Kalachnikov !". "La méthode est choquante. Étudiants et enseignants ont vécu un moment de terreur", poursuit un autre. Selon la préfecture, aucun élève ne s'est dit "choqué" pendant le débriefing du procureur. Mais selon le journal, plusieurs élèves sont allés, les jours suivants, confier leur état de "choc" au chef d'établissement ou auprès d'enseignants. Une enseignante témoigne ainsi s'être sentie "démunie" face à la "détresse" de plusieurs étudiants.
La défense. Outre la simulation en elle-même, ultra-réaliste, c'est la méthode par laquelle les professeurs et les étudiants ont été prévenus qui dérange. Un mail a été envoyé à peine 24 heures avant par la préfecture, selon le quotidien local. Et ce mail ne mentionnait qu'un "exercice de prévention", à une date inconnue. La préfecture de Vendée, pour sa part, assume. "Nous avons souhaité sensibiliser les futurs professeurs des écoles sur la conduite à tenir en cas d’intrusion dans un établissement scolaire", déclare le directeur de cabinet du préfet cité par Ouest France.
"Pendant 45 minutes, les futurs professeurs ont pu échanger avec les représentants des différentes institutions. La très large majorité a reconnu que, prévenus la veille, ils avaient de suite réalisé qu’il s’agissait d’un simple exercice", assurent également les services de la préfecture, contactés par Europe 1. "Cet exercice a permis de confirmer la bonne application des consignes en vigueur et les réactions appropriées des futurs professeurs, eux-mêmes chargés d'encadrer des élèves", insiste-t-on.
La "surprise". Mais dans l'entourage de Najat Vallaud-Belkacem, contacté par Europe 1, on confie avoir été "surpris" par cet exercice, organisé à l'initiative de la préfecture, en collaboration avec le parquet et l'université de Nantes. Selon nos informations, l'Education nationale a été prévenue par mail en février dernier, au niveau départemental, pour avertir d'une simulation "non perturbante" à venir "dans les prochains mois", sans plus de précisions. "Nous, nous demandons simplement d'effectuer des exercices de confinements, sans simulation 'd'intrusion'", c'est à dire sans présence d'un faux terroriste, explique le ministère de l'Education nationale.
Des exercices aussi réalistes ont tout de même déjà été effectués ces derniers mois, organisés à chaque fois par les préfectures : au lycée Saint-Jean-La-Croix de Saint-Quentin (Aisne) ou au collège en Bagatelle à Tournus (Saône-et-Loire), par exemple. Toutefois, si les médias et la municipalité (voire le rectorat) sont généralement tenus dans le secret, le corps enseignant et les élèves sont prévenus à l'avance, avec indication de la date et de l'horaire. Le ministère de l'Education nationale prévient : "Nous demandons des explications à la préfecture de Vendée".