A l'hopital d'Argentan, en Normandie, les patients ayant raté deux rendez-vous n'en obtiendront plus
Le centre hospitalier d'Argentan (Orne) impose de nouvelles règles pour responsabiliser les patients : ceux ayant manqué deux rendez-vous sans annulation préalable ne pourront plus en fixer d'autres. Cette mesure vise à réduire les absences et à améliorer l’accès aux soins, particulièrement dans les spécialités sous tension.
Le centre hospitalier d'Argentan (Orne) n'accordera plus de rendez-vous aux patients qui en ont déjà manqué deux, afin de responsabiliser ces derniers, a-t-on appris mardi du service communication. "L'hôpital d'Argentan a décidé de ne plus accorder de rendez-vous aux patients qui ne se seraient pas présentés à deux reprises, sans avoir pris la peine d'annuler leur rendez-vous pour un motif impérieux", peut-on lire dans un communiqué de presse daté du 31 mars.
L'hôpital est selon ce texte "régulièrement confronté à des rendez-vous non honorés par les patients ayant sollicité un examen ou une consultation médicale". En 2024, ce sont près de 1.000 examens d'imagerie auxquels des patients ne se seraient pas présentés, souligne à titre d'exemple ce communiqué signé par le directeur du centre hospitalier, Stéphane Péan. Il juge cette situation inacceptable "dans la mesure où elle prive inutilement d'autres patients en attente d'un examen ou d'une consultation". Stéphane Péan a estimé cette responsabilisation "nécessaire", alors que "l'établissement se trouve momentanément en difficulté pour répondre à l'ensemble des demandes sur certaines disciplines".
Une pénalité surnommée "taxe lapin"
C'est notamment le cas en ophtalmologie ou en pneumologie où les effectifs sont réduits "en raison d'arrêts ou de départs". Stéphane Péan a indiqué que l'hôpital faisait "tout le nécessaire pour recruter de nouveaux praticiens sur ces disciplines". À l'inverse, des recrutements "en imagerie ou en chirurgie maxillo-faciale" ont permis à l'offre de soins de s'élargir.
Malheureusement, pour le délégué syndical CGT, Michaël Haddad cette décision est un pansement sur une jambe de bois. "Aujourd'hui, nous sommes arrivés dans un système où, pour voir un spécialiste, il faut attendre plusieurs mois, donc les gens cherchent des solutions aussi pour obtenir des soins en prenant plusieurs rendez-vous et en oubliant d'en annuler certains. Mais la décision qui consiste à punir le patient, elle interroge", a déclaré Michaël Haddad au micro d'Europe 1. Le 28 février, le Conseil constitutionnel avait censuré un article de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 qui visait à instaurer une pénalité surnommée "taxe lapin" pour les patients n'honorant pas leur rendez-vous chez le médecin.
L'article prévoyait que la prise de rendez-vous puisse être subordonnée à une pré-autorisation bancaire permettant le paiement de la pénalité. L'ampleur du phénomène des rendez-vous non honorés est difficile à évaluer, car il n'existe pas d'étude nationale réellement représentative. Selon une enquête de Doctolib réalisée sur 30 millions de rendez-vous pris à l'automne 2022, 3,4% étaient non honorés chez les généralistes et pédiatres, 4,5% chez d'autres spécialistes et 6,2% chez les dentistes.