C'est l'histoire d'un conflit entre deux responsables politiques nordistes, l'autre à Lille, l'un au gouvernement. La mairie de Lille, représentée par Martine Aubry, avait pour projet de développer une "salle de consommation à moindre risque", aussi appelée "salle de shoot". La maire pensait avoir trouvé l’emplacement le plus pertinent, une salle intégrée à un centre d’addictologie du CHU et un endroit clos derrière un haut mur, avec des nuisances limitées sans file d’attente de toxicomanes sur la voie publique. Mais le Tourquennois Gérald Darmanin s'était opposé à cette décision.
Un arbitrage remporté par Darmanin
Le ministre de l'Intérieur dénonçait une telle expérimentation dans un quartier sensible en proie aux trafics de drogue. Et si le projet a obtenu le feu vert du ministère de la Santé et même de Jean Castex au printemps dernier, le Premier ministre demande maintenant à la maire de Lille de trouver un autre endroit.
C’est donc Gérald Darmanin qui a finalement emporté l’arbitrage, une décision purement politicienne, selon la maire lilloise, qui estime que "Monsieur Darmanin" est "sans doute en mission pour poursuivre la droite et l'extrême droite pour monsieur le président de la République".
"Moins de seringues par terre"
Martine Aubry s'oppose à la position du ministre de l'Intérieur en matière sanitaire : "Quand je vois ses propos sur les immigrés et sur les réfugiés, et là, sur les toxicomanes, qui nous dit qu'il faut les combattre et non pas les accompagner… Moi, je suis pour les combattre, je lui demande encore plus de policiers, mais je suis aussi pour accompagner : quand il y a une salle de consommation, il y a moins de seringues par terre, il y a moins aussi de populations qui peuvent attraper le HIV, l'hépatite A ou des maladies."
Reste qu’à ce stade, ce projet de salle de consommation à moindre risque semble bel et bien enterré. La raison ? Les solutions alternatives proposées par le gouvernement sont situées sur des terrains non-constructibles et pollués.