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François Coulon, édité par R.Da. , modifié à
L'évacuation de la ZAD se poursuit. Mercredi un pique-nique pacifique anti-évacuation a été balayé pour une violente charge des gendarmes.
REPORTAGE

Ils étaient plus de 500 militants réunis à 13 heures mercredi, au "camp des cheveux blancs" où était organisé un pique-nique de soutien aux expulsés. Au fil des jours, de plus en plus de renforts, notamment du troisième âge, affluent sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Initialement, beaucoup étaient favorables à l'intervention des forces de l'ordre pour dégager les abords de l'ex-route des chicanes, occupés par les éléments les plus radicaux, mais la destruction de la "ferme des 100 noms" les a rendus solidaires du combat des occupants de la ZAD.

"J'ai peur qu'il y ait un Rémi Fraisse". "C'est un lieu de vie où il y avait une amorce de projet collectif. […] Je suis revenu parce que je me suis dit qu'il n'était pas possible de laisser détruire les lieux de vie. Je reviendrai tous les jours, jusqu'à ce que l'on gagne et que le jeunes puissent faire entendre ce qu'ils veulent mener ici", martèle ainsi auprès d'Europe 1 Bernadette, 65 ans. "Si on est présent, nous les anciens, ça peut peut-être aussi permettre de se remettre autour d'une table. Les moyens sont disproportionnés : mobiliser autant pour quelques champs de poireaux et de carottes… franchement!", s'indigne-t-elle alors que quelque 2.500 gendarmes ont été mobilisés par l'Etat. "J'ai peur qu'il y ait un Rémi Fraisse [jeune militant tué à Sivens, ndlr], avoue-t-elle. Invité lundi d'Europe 1, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a pourtant indiqué avoir donné aux force de l'ordre des "consignes de retenus", invoquant lui aussi le même exemple. "Vous avez toujours présent à l'esprit des événements comme Sivens. La mort d'un jeune homme est quelque chose d'affreux".

Une nouvelle charge des gendarmes. Et pourtant, le pique-nique bon enfant de mercredi, au cours duquel certains militants sont même allés à la rencontre des gendarmes, a été balayé par une charge massive, d'une violence inédite à Notre-Dame-des-Landes. "C'est de la folie. Là, ils ont envoyé des grenades de désencerclement et des espèces de bombes au souffre sur une foule avec des personnes âgées, qui venaient pacifiquement, et qui n'ont pas jeté de cailloux", raconte une participante sous le bruit des tirs. Les militants recensent plus de 80 blessés.

" À aucun moment les gendarmes ne prennent l'initiative de l'affrontement, la violence est du côté des opposants "

"Si ça continue comme ça, ça va forcément mal se terminer. Il y a de plus en plus de jets de grenades GLI F4, de la même famille que celles qui ont tué Rémi Fraisse, donc on se demande vraiment ce qu'ils cherchent et ce qu'ils attendent", dénonce Camille, porte-parole des zadistes. De son côté, le directeur général de la gendarmerie, Richard Lizurey plaide non coupable : "Les grenades qui sont lancées visent à défendre les gendarmes. Je rappelle qu'à ce stade nous avons eu 28 blessés", dénombre-t-il. "J'observe qu'à aucun moment les gendarmes ne prennent l'initiative de l'affrontement, la violence est du côté des opposants qui, systématiquement, avec des frondes extrêmement dangereuses, viennent pour casser du gendarmes", déplore-t-il. Treize nouveaux squats ont été détruits mercredi. Les autorités peuvent se féliciter de respecter leur planning à la lettre.