Sous l'Arc de Triomphe, plusieurs dizaines de policiers ont manifesté dans la nuit de samedi à dimanche. 1:17
  • Copié
Sophie Eychenne, édité par Ariel Guez , modifié à
Après une manifestation intersyndicale sur les Champs-Élysées vendredi, des policiers ont à nouveau protesté contre les propos de Christophe Castaner et les polémiques concernant les violences policières. S’estimant "lâchés et abandonnés par le gouvernement", ils en appellent au chef de l'État, qui s'exprimera dimanche soir.
REPORTAGE

La colère de la police ne retombe pas. Après une manifestation intersyndicale sur les Champs-Élysées vendredi, un rassemblement surprise s'est déroulé dans la nuit de samedi à dimanche au niveau de l'Arc de Triomphe, pour une nouvelle fois protester contre les propos de Christophe Castaner. En début de semaine, le ministre de l'Intérieur a prononcé un discours dans lequel il a évoqué des "sanctions" en cas de "soupçons avérés" de propos ou actes racistes émanant de policiers, et a annoncé l'interdiction de la méthode d’interpellation dite de "la clé d'étranglement"

"Les policiers se sentent lâchés et abandonnés par le gouvernement"

À l'appel de la BAC de nuit, pendant un peu plus d'une heure, des dizaines de voitures et fourgons de police se sont réunies sur la place de l'Etoile dans la nuit de samedi à dimanche. Gyrophares déclenchés et sirènes allumées, ils étaient plusieurs dizaines d'agents de tous les départements d'Île-de-France à être présents. "Ce n'est pas forcément une manifestation qui était préparée, mais ça montre qu'on sait se rassembler quand il faut", explique l'un d'eux au micro d'Europe 1.

Selon Yohan Maras, policier travaillant dans la capitale et membre du syndicat Alliance, "la Police nationale et les collègues ont été meurtris par les propos du ministre de l'Intérieur". "Ils se sentent lâchés et abandonnés par le gouvernement", affirme-t-il. Car dans les rangs des forces de l'ordre, malgré les concertations avec les syndicats place Beauvau, le nom de Christophe Castaner ne passe plus. Certains affirment au micro d'Europe 1 qu'ils se "retrouvent encore une fois désavoués" par le premier flic de France. 

"Aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur est un fusible"

Comme ils l'avaient fait jeudi dans plusieurs commissariats, les policiers ont symboliquement jeté leurs menottes et leurs brassards à terre. Alors qu'on pensait que la rupture n'était pas encore totalement consommée entre Christophe Castaner et les forces de l'ordre, ces dernières n'hésitent plus à réclamer sa démission. Mais un départ du ministre de l'Intérieur ne suffirait pas, estime Yohan Maras. 

"Aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur est un fusible", lâche le syndicaliste au micro d'Europe 1. Pour lui, "si le gouvernement change de ministre pour rester dans la même doctrine, il n'y aura aucun changement". Yohan Maras en appelle donc directement au président de la République, qui s'exprimera ce dimanche soir lors d'une allocution solennelle, la première depuis le début du déconfinement. "Il va falloir qu'il réaffirme son soutien et qu'il regagne la confiance des policiers". 

Car Yohan Maras prévient : si Emmanuel Macron "ne réaffirme pas un soutien total et plein aux forces de l'ordre, il va falloir s'attendre à ce que les actions de mes collègues policiers se multiplient".  Les images de la nuit de samedi à dimanche rappellent d'ores et déjà celles d'octobre 2016, lorsque plusieurs centaines de "policiers en colère" manifestaient régulièrement de nuit dans Paris.