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Virginie Riva , modifié à
Les conclusions du rapport de Jean-Marc Sauvé, à la tête d'une commission indépendante qui enquête sur la pédocriminalité dans l'Église, sont rendues publiques ce mardi. Une date importante pour les victimes de pédophilie, qui souhaitent que ce texte initie des changements profonds dans la prévention des comportements criminels.
DÉCRYPTAGE

C'est un moment charnière dans le rapport de l'Église aux comportements pédocriminels qu'ont eu certains de ses représentants depuis les années 1950 : la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) depuis 1950, présidée par Jean-Marc Sauvé, dévoile mardi son rapport et ses nombreuses annexes, une somme qui atteint finalement "2.500" pages, selon ce dernier. Après deux ans et demi de travaux, 6.500 victimes ont contacté la plateforme et 250 ont été reçues en audition par la commission.

"Comment est-ce qu'on a pu en arriver là ?"

Ce que les victimes souhaitent par-dessus tout, c'est que l'Église regarde enfin en face le problème de la pédophilie. Pour l'instant, les évêques ont reconnu la responsabilité de l'Église. "Comment est-ce qu'on a pu en arriver là ? Qu'est-ce qui, dans l'Église, a permis, qu'autant d'enfants, de jeunes adolescentes et adolescents, soient abusés sexuellement ? Parce que si on ne comprend pas les causes à la racine, je ne vois pas comment ça va s'arranger", affirme Véronique Garnier, pour qui cette reconnaissance de responsabilité par les évêques n'est pas suffisante.

Alors que plusieurs sources gouvernementales et internes à la commission ont confirmé à Europe 1 qu'il y aurait bien plus de 100.000 victimes, le rôle de la commission est de formuler des préconisations sur la base de ce que l'Église a déjà fait. Au printemps dernier, la Conférence des évêques de France a décidé d'un geste financier et annoncé un fonds de 5 millions d'euros. Là encore, les victimes se montrent sceptiques. Marie-Claire Sylvestre, l'une d'entre elles, préfère que les préconisations s'orientent vers la prévention avec une importance particulière accordée à "la formation" et "éventuellement un casier judiciaire quand tu rentres au séminaire".

L'Église va plancher sur des mesures contre la pédophilie

Marie-Claire Sylvestre attend également "un suivi d'un peu plus près de chaque prêtre et de chaque évêque pour savoir comment ils se sentent, comment ils sont. Surtout, dès qu'il y a une suspicion, il faut écarter immédiatement la personne" qui serait accusée par les victimes, tandis qu'a minima 3.000 prédateurs ont été "recensés" par la commission, sur les 115.000 en exercice entre 1950 et 2020, soit un peu moins de 3%.

À partir de mardi matin, dès la remise du rapport, l'Église va travailler pendant un mois pour proposer de nouvelles mesures concrètes de lutte contre la pédophilie et des gestes à l'égard des victimes. "Il faut que l'Église prouve que tous les lieux où les enfants sont accueillis sont des endroits sûrs", juge ainsi Karine Dalle, secrétaire générale adjointe de la Conférence des évêques de France. "Elle ne pourra plus être audible auprès de ceux qui s'en sont éloignés."