Erreur humaine ou défaillance technique ? Le chauffeur au volant d'un taxi électrique Tesla qui a provoqué un accident mortel à Paris a été mis en examen mercredi et les investigations ont été confiées à des juges d'instruction. A l'issue de sa garde à vue, le conducteur, âgé de 56 ans, a été mis en examen pour "homicide involontaire et blessures involontaires par véhicule terrestre à moteur" et placé sous contrôle judiciaire, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Un accident d'une violence "particulière"
"Mon client est vraiment très choqué par l'accident qui a été d'une particulière violence", a réagi auprès de l'AFP son avocate, Me Sarah Saldmann. Samedi soir, cet homme, chauffeur de taxi depuis 25 ans résidant en Essonne et qui n'était pas de service, circulait dans le XIIIe arrondissement de Paris à bord d'un taxi électrique Tesla avec sa femme et ses filles quand il a perdu le contrôle du véhicule.
Le taxi a percuté deux piétons, puis un conteneur à verre qui, sous le choc causé par la vitesse, a été projeté en l'air et a explosé au sol. Le véhicule a ensuite percuté un feu de signalisation, lui aussi projeté en l'air. Puis a terminé sa course dans une camionnette en circulation au milieu du carrefour, selon le récit d'une source policière. L'accident a fait un mort et 19 blessés, selon le dernier bilan retenu par l'enquête.
La pédale de frein restée bloquée, explique l'avocat du chauffeur
"C'est un accident pour lui, il a tout fait pour appuyer sur la pédale de frein qui est restée bloquée et parallèlement la voiture s'est emballée et a roulé excessivement vite", a relaté Me Saldmann, rappelant que ce modèle électrique n'était pas équipé d'un frein à main. Le véhicule a été acheté neuf "il y a trois mois" et n'avait pas présenté de difficulté jusqu'alors, selon l'avocate.
Par précaution, la compagnie de taxi G7 a annoncé mardi mettre à l'arrêt les 37 Model 3 de sa flotte, modèle similaire au véhicule impliqué dans l'accident. Tesla, qui a accès à certaines données techniques, a écarté toute défaillance technique de sa voiture.
Erreur humaine ou défaillance technique ?
Le parquet, qui avait ouvert samedi une enquête préliminaire, a confié les investigations mercredi à des juges d'instruction. L'enquête devra déterminer, en s'appuyant notamment sur des expertises techniques, si l'accident est le résultat d'une erreur humaine ou d'une défaillance technique.
"A ce stade nous n'avons pas d'élément technique qui nous ferait croire qu'il y a un problème de dysfonctionnement technique sur ces modèles-là", a souligné sur RMC le ministre délégué aux Transports Jean-Baptiste Djebbari. Selon lui, Tesla Europe n'a relevé "aucune alerte de ce type" sur les quelque 70.000 Model 3 circulant sur le continent. La Model 3 de Tesla est le best-seller du constructeur américain.
250 requêtes aux Etats-Unis
Le véhicule n'est pas autonome, mais est équipé d'une assistance à la conduite sur autoroute qui impose néanmoins de garder ses mains sur le volant et ses yeux sur la route. Plusieurs polémiques ont frappé la jeune mais puissante marque automobile concernant la sécurité de ses véhicules.
L'agence américaine de sécurité routière (NHTSA) a indiqué en janvier, après avoir examiné près de 250 requêtes, que les accidents cités ne pouvaient être attribués à un défaut du véhicule, mais plutôt à une "mauvaise utilisation de la pédale". Tesla a par ailleurs rappelé quelques milliers de Model 3 et Model Y en juin aux Etats-Unis pour inspecter et resserrer, voire remplacer, des boulons dans les étriers de freins. "Les boulons fixant les étriers de freins pourraient se desserrer, les étriers pourraient se détacher et entrer en contact avec la jante de la roue", selon un document transmis par Tesla à la NHTSA.