Région prisée en été pour ses températures anti-caniculaires et son littoral sauvage, la Bretagne regorge de lieux magnifiques que cette saison particulière en matière de tourisme permet de découvrir ou redécouvrir. Le chroniqueur de "Et si on partait ?" sur Europe 1, Jean-Bernard Carillet, a décidé lundi de dénicher des sites pas forcément très connus mais idéaux pour se familiariser avec la culture et les paysages bretons. L'auteur pour le Lonely Planet jette son dévolu sur les Monts d'Arrée, la Vallée des Saints ou encore l'île de Sein.
Le décor unique des Monts d'Arrée
Les Monts d'Arrée, dans le centre du Finistère, n'offrent certes qu'une altitude maximale de 385 m. Autant dire que dans le reste de la France, on dirait que c’est une petite colline. Mais il y a pourtant ici un esprit montagnard qui vous coupe du reste de la Bretagne. Malgré la faible altitude, c’est un véritable décor de montagne. Il n’y a pas de pics, tout est arrondi, mais c’est fascinant.
Le paysage y est impressionnant, presque irréel. Vous pouvez y voir les Landes pelées, de petites crêtes de schiste en lame de couteaux qui sont parallèles les unes aux autres. On est saisi par l’ambiance mystérieuse et fantastique que subliment les jeux de lumière, surtout à l’aube, avec la lumière rasante. On admire aussi des écharpes de brume qui se dissipent lentement à mesure que le vent se lève.
Ce n'est pas étonnant que les Monts d'Arrée soient une terre de légende qui a alimenté l’imaginaire. Quand on fait une balade dans ce massif, on se demande si on ne va pas surprendre une assemblés de druides en pleine cérémonie. Ou bien peut-être, émergeant des tourbières ou des massifs de fougères, croisera-t-on un korrigan, un de ces lutins celtes barbus venus du fond des âges, qui viendra vous narguer. Mieux vaut d’ailleurs croiser un korrigan que l'Ankou, la Faucheuse, symbole de la mort. Sa tanière se trouverait quelque part dans ces Monts d'Arrée. Vous y trouverez des balades contées, avec des conteurs déguisés, y compris parfois en nocturne à la pleine lune.
Le charme d'une "île de Pâques bretonne"
Dans l’intérieur des terres, il y a un autre lieu surprenant à visiter : il s'appelle 'l’île de Pâques bretonne'. Ce ne sont pas les menhirs de Carnac, mais un site nettement plus contemporain, puisqu'il a à peine d’une dizaine d’années. C’est la Vallée des Saints, dans les Côtes d’Armor, au sud-est de Morlaix. Cette Vallée des Saints est un projet unique en son genre et insolite. Il s'agit d'un mélange de passé et de futur, de culture et d’art, de légendes et de réalité.
C’est une œuvre artistique en plein air, avec d'énormes sculptures en granit qui font 3 à 4 m de haut, sur une colline. Ces sculptures représentent des saints bretons, qui sont très importants dans la culture populaire bretonne. Les noms de villes reflètent cette influence, avec Saint-Brieuc, Saint-Malo, Saint-Quai-Portrieux.
Pour l’instant, un peu moins d'une centaine de sculptures ont été réalisées. C’est une œuvre en mouvement, un projet évolutif. Chaque année, il y a d’autres statues qui viennent s’ajouter à celles qui ont été faites. Chaque été, on peut voir les sculpteurs à l’œuvre, en train de tailler les blocs de granit. Il est prévu d’en faire 1.000 ! Ce sera l’un des plus grands sites de Land Art – art en plein air – au monde. Quand on est sur place, on a vraiment l’impression que c’est comme à l’île de Pâques, avec les moai.
L'ambiance incontournable de l'île de Sein
En Bretagne, il y a de très nombreuses îles. Celle de Sein, au large de la pointe du Raz, est restée très authentique et a gardé son âme. C’est une île qui vibre, en somme. L’arrivée à l’île de Sein, depuis Audierne, se fait avec la compagnie maritime Penn ar Bed après une heure de traversée. Là-bas, vous pourrez contempler le phare de la Vieille, les falaises escarpées, la pointe du Raz déchiquetée et les ligneurs, qui sont les pêcheurs de bars.
Le guide de l'association Archipel Excursion vient vous chercher en zodiac (400 CV) et vous fait longer l’île de Sein avant d'arriver à la célèbre chaussée de Sein et ses bancs de grands dauphins. Ils approchent le bateau et jouent près de l’étrave. Il y a aussi les colonies de phoques gris en position de banane sur les rochers de la chaussée de Sein. C'est une superbe ambiance maritime avec, en prime, le phare mythique d’Ar Men. On le voit notamment sur toutes les photos de tempête. Sa construction a été périlleuse et il est toujours difficile d'y accéder. Et pour le côté fun, on fait du speed boat dans les vagues avec des marins, qui sont des gars du coin et connaissent la mer dans les moindres détails.
Sur l'île de Sein, on va s'imprégner de l’ambiance insulaire en allant au bar de l’unique village, le QG (ex-Chez Brigitte). C'est un lieu de rendez-vous des loups de mer, on peut y rencontrer les locaux, ça parle breton et ça se mélange avec les touristes. L'ambiance y est chaleureuse, avec des animations. On va aussi se balader dans le village, avec des petites maisons colorées. On peut monter en haut du phare, avec une vue magnifique. Lors des arrivées de bateau, en été, on assiste à des scènes touchantes : les Sénans du continent reviennent l’été et les au-revoir sur le quai sont émouvants.
S'initier à la voile aux Glénan
La Bretagne est la région idéale pour la voile. On peut s'y initier quasiment partout. C’est la spécialité des Glénan, en face de Concarneau. La plus grande école de voile d’Europe, fondée en 1947, s'y trouve et reste une référence mondiale. Des grands noms de la voile y ont tiré leurs premiers bords, dont Franck Cammas, Vincent Riou et Maud Fontenoy. L'initiation à la voile se fait pour tous les niveaux. L’eau y est translucide et turquoise. On a parfois l’impression d’être en Polynésie.
Une nuit dans le phare de Kerbel
Terminons cette balade bretonne par un hébergement insolite : on va passer une nuit dans un phare. Aux abords de Port-Louis, près de Lorient, le phare de Kerbel vous accueille du haut de ses 25 mètres. Il faut gravir 120 marches (7 étages) avant d’apprécier une vue à 360 degrés sur la Baie de Quiberon, Lorient et l’île de Groix, au large.
On a l'impression d’être coupé du monde, c'est idéal pour la contemplation ou un tête-à-tête en amoureux. C’est super cosy : un studio avec du parquet acajou et des meubles design est aménagé dans l’ancienne salle des feux. Avec la verrière, vous profiterez du panorama dès le saut du lit, pour la coquette somme de 650 euros la nuit pour deux.