L'affaire Maëlys a pris une toute autre dimension, mercredi. Principal suspect de l'enlèvement et du meurtre de la fillette dont le corps n'a pas été retrouvé, Nordahl Lelandais, 34 ans, a été mis en examen pour assassinat dans une autre enquête, celle sur la disparition inexpliquée d'un militaire, survenue en avril à Chambéry. Le procureur Thierry Bran a annoncé que des vérifications sur un crâne découvert par un promeneur avaient permis d'identifier l'ADN du militaire, lundi.
Un véhicule de marque Audi. Arthur Noyer, caporal au 13ème bataillon de chasseurs alpins (BCA) de Chambéry, a été vu pour la dernière fois faisant du stop à la sortie d'une discothèque, peu avant 3 heures du matin, dans la nuit du 11 au 12 avril dernier. "La géolocalisation de son téléphone a permis d'établir qu'il se trouvait place Paul Chevalier à Chambéry à 3h01", a indiqué le procureur mercredi. À 3h05, le téléphone bornait ensuite sur la commune de Saint-Baldoph, à 6 km de là, puis à Apremont, 1,5 km plus loin. "La vitesse de déplacement démontrait clairement qu'après la place Chevalier, Arthur Noyer s'était déplacé dans un véhicule et non plus à pied."
" Après l'affaire Maëlys, un lien pouvait être fait avec le véhicule utilisé par Nordahl Lelandais "
Au début de l'enquête, "les gendarmes ne disposaient d'aucune piste sérieuse", a poursuivi le procureur. Un "travail minutieux" réalisé à partir des images de vidéosurveillance a rapidement permis d'établir "la présence, à plusieurs reprises, d'un véhicule de marque Audi aux mêmes horaires et aux mêmes endroits" qu'Arthur Noyer. Mais au vu du nombre de voitures de ce genre dans la région, le travail de vérification s'annonçait "long", a reconnu Thierry Bran.
Les mêmes relais téléphoniques. "Après l'affaire Maëlys, un lien pouvait être fait avec le véhicule Audi utilisé par Nordahl Lelandais", a expliqué le magistrat. Au cours de leurs recoupements, les enquêteurs ont constaté que les deux téléphones utilisés par le principal suspect du meurtre de la fillette "avaient déclenché les mêmes relais" que le téléphone d'Arthur Noyer entre 23h48 et 3h41 cette nuit-là. L'exploitation des images de vidéosurveillance ont en outre montré "qu'il se trouvait dans le même secteur à Chambéry, dans le secteur de la place Paul Chevalier, puis sur celui de commune de Saint-Baldoph."
Nordahl Lelandais a ensuite éteint ses deux téléphones vers 3h30, ne les rallumant que le lendemain matin au domicile de ses parents, à Domessin. "L'examen de son téléphone établissait ensuite qu'il avait effectué, le 25 avril, des recherches en utilisant les mots clés 'destruction d'un corps humain'", a ajouté le procureur.
"Les restes d'un crâne humain". Parallèlement, des vérifications ont permis d'établir qu'Arthur Noyer avait été assassiné : le 7 septembre dernier, "des restes d'un crâne humain" ont été découverts par un promeneur sur un sentier de randonnée, a annoncé le procureur lors de la même conférence de presse. Le 18 décembre, au premier jour de la garde à vue de Nordahl Lelandais, les enquêteurs ont eu la confirmation que l'ADN prélevé sur ce crâne correspondait à celui du militaire disparu.
" Dès que les conditions s'amélioreront, des investigations plus précises seront menées par les enquêteurs "
"Au regard des indices graves et concordants dans cette affaire", un juge d'instruction a mis le suspect en examen pour le meurtre d'Arthur Noyer, mercredi. Nordahl Lelandais, qui nie toute implication dans le dossier de la disparition de Maëlys depuis sa mise en examen, a refusé de répondre aux questions des enquêteurs au cours de sa garde à vue dans ce dossier. Le suspect a simplement reconnu avoir conduit à Chambéry et à Saint-Badolph ce soir-là.
D'autres vérifications à venir. "Dès que les conditions atmosphériques s'amélioreront, des investigations plus précises et plus poussées seront menées par les enquêteurs" à l'endroit de la découverte du crâne, a conclu le procureur. Quant à d'éventuels autres dossiers dans lesquels Nordahl Lelandais pourrait être impliqué, les enquêteurs vont "regarder toutes les disparitions inquiétantes dans la région", a précisé Thierry Dran. "Ce sera dans le cadre d'une autre affaire et d'une autre procédure."
"Nous continuerons à nous taire dans l'intérêt de l'enquête"
Quelques minutes après la prise de parole du procureur, Me Bernard Boulloud, avocat des parents d'Arthur Noyer, a indiqué que ses clients avaient été informés de la mort de leur fils mercredi seulement. "Nous continuerons à nous taire dans l'intérêt de l'enquête", a précisé le conseil. "Nous faisons confiance aux enquêteurs et à la justice", a ajouté Cécile Noyer, la mère d'Arthur.