Les juges qui enquêtent sur l'affaire Benalla et les fuites de la vidéosurveillance policière cherchent à établir si la Préfecture de police (PP) de Paris a diffusé le 1er mai d'autres images, à la vue d'un large public, via son compte Twitter, a appris mercredi l'AFP de source proche du dossier.
Deuxième volet de l'enquête. Dans cette affaire qui a empoisonné l'exécutif tout l'été, l'enquête porte à la fois sur les violences du 1er-Mai, place de la Contrescarpe à Paris qui ont rattrapé Alexandre Benalla et la fuite d'images de vidéosurveillance sorties illégalement de la PP et transmises à l'ex-chargé de mission de l'Élysée au soir des révélations du Monde, le 18 juillet, avec le concours de trois policiers.
Nouvelles investigations. Sur ce dernier volet, les juges ont ordonné le 28 septembre de nouvelles investigations, à la suite d'une demande déposée par Me Antoine Maisonneuve, l'avocat de l'un des policiers mis en examen, Laurent Simonin, chef d'état-major adjoint de la puissante Direction de l'ordre public et de la circulation (DOPC) de la PP, selon la source proche du dossier.
Des images censées être confidentielles. Cette demande soumettait aux juges des interrogations sur les pratiques de la PP en matière d'extraction et de diffusion des images de vidéoprotection, dont le caractère est confidentiel et l'utilisation strictement encadrée. En cause : la publication le 1er mai sur le compte Twitter @Prefpolice de deux images d'un groupe de "black blocs" à Paris, avec pour légende : "manifestation du 1er mai, présence d'environ 1.200 individus cagoulés et masqués au niveau du pont d'Austerlitz".
Un tweet largement partagé. Le tweet a été partagé plus d'un millier de fois, cité par d'autres "tweetos" et relayé le jour-même par le Parisien. Un site de la mouvance autonome a diffusé l'une des photos, en l'attribuant aux "caméras de la PVPP", le plan de vidéoprotection pour Paris. Dans le cadre d'une commission rogatoire en cours, ces investigations doivent dire si ces images provenaient de la vidéosurveillance de la PP et si elles ont été diffusées hors du cadre légal sur le réseau social, selon la source proche du dossier. "La Préfecture a été interrogée et a répondu à ce sujet dans le cadre de l'instruction en cours", a-t-elle répondu à l'AFP sans autre commentaire.
Trois hauts gradés mis en examen. Laurent Simonin et deux autres hauts gradés de la PP, soupçonnés d'avoir remis des images des incidents de la place de la Contrescarpe à Alexandre Benalla, ont été suspendus et mis en examen pour "violation du secret professionnel" et "détournement d'images" issues des caméras de vidéoprotection de la préfecture. L'un d'eux avait concédé "une grosse connerie". Le résultat de "copinages malsains" avait jugé le préfet de police Michel Delpuech devant la commission d'enquête parlementaire cet été.