La Guinée coopérera à l'enquête en France contre l'homme d'affaires Vincent Bolloré, inculpé mercredi soir pour corruption, notamment dans l'attribution de la concession du port de Conakry, a affirmé le ministre guinéen de la Justice, Cheick Sako.
"En tant que ministre de la Justice, je dis que la Guinée va collaborer avec la France", a-t-il déclaré mercredi soir à des journalistes à Conakry. De son côté, le député Fodé Oussou Fofana, vice-président du principal parti d'opposition, l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), a réclamé l'ouverture d'une enquête parlementaire sur l'ensemble des marchés publics attribués depuis l'arrivée au pouvoir du président Alpha Condé en décembre 2010.
"Demander des explications au gouvernement". "Nous allons exiger la mise en place d'une commission d'enquête parlementaire", a déclaré Oussou Fofana à des journalistes mercredi soir. "Nous allons prendre tous les dossiers, à commencer par ce dernier, pour demander des explications au gouvernement afin que la situation soit très claire. Nous irons au fond de cette affaire pour savoir si effectivement il y a eu corruption ou pas", a-t-il dit, en référence au dossier Bolloré.
Selon l'opposant, "depuis que le président Alpha Condé est au pouvoir, tous les marchés qui ont été donnés l'ont été de gré à gré". Le président Condé avait résilié le 8 mars 2011 par décret la convention de concession du terminal du port de Conakry octroyée en 2008 pour 25 ans à Getma, filiale de l'armateur français NCT Necotrans, pour la confier au groupe Bolloré, déclenchant une bataille judiciaire entre les deux rivaux.
Le groupe de Bolloré dément. Les magistrats français qui ont inculpé Vincent Bolloré notamment de "corruption d'agent étranger" tentent de déterminer si le groupe a utilisé les activités de conseil politique de sa filiale Havas pour obtenir la gestion des ports de Conakry et Lomé, au Togo via une autre de ses filiales, Bolloré Africa Logistics, anciennement appelée SDV.
SDV avait obtenu la gestion la concession à Lomé peu avant la réélection en 2010 du président togolais Faure Gnassingbé, conseillé dans sa campagne par Havas, tout comme Alpha Condé en Guinée. Le groupe a démenti ces accusations dans un communiqué, faisant valoir que "les concessions obtenues au Togo l'ont été en 2001, bien avant l'entrée du groupe dans Havas, et en Guinée, en 2011, à la suite de la défaillance du n°1 (le groupe étant arrivé en seconde position lors de cet appel d'offres), défaillance constatée avant l'élection du président" Condé.