Un jugement sans précédent : Nicolas Sarkozy est devenu lundi le premier ancien président de la Ve République condamné à de la prison ferme, à un an pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite "des écoutes". Il est également le deuxième ex-chef de l'État à être sanctionné par la justice, après son ancien mentor Jacques Chirac, condamné en décembre 2011 à deux ans de prison dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris.
Avant lui, seul son ancien mentor Jacques Chirac avait été sanctionné par la justice, en décembre 2011. Mais il avait été condamné à deux ans de prison avec sursis, notamment pour détournement de fonds publics, dans le dossier des emplois fictifs de la ville de Paris.
Nicolas Sarkozy fait appel
Nicolas Sarkozy, qui a toujours affirmé n'avoir jamais commis "le moindre acte de corruption", a écouté le délibéré debout face au tribunal, impassible. Ni l'ex-président ni son avocate Jacqueline Laffont n'ont fait de déclaration à la sortie de la salle d'audience, après la lourde condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Paris : trois ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis - une peine aménageable.
Les juges ont prononcé la même sanction pour l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert et l'avocat historique de l'ex-président, Thierry Herzog, assortie pour ce dernier d'une interdiction professionnelle de cinq ans. Gilbert Azibert et Thierry Herzog ont en outre été reconnus coupables de violation du secret professionnel. L'avocate de Nicolas Sarkozy a annoncé en fin de journée vouloir faire appel, tout comme un peu plus tôt les conseils de Thierry Herzog.
Corruption et trafic d'influence
Nicolas Sarkozy était accusé d'avoir tenté d'obtenir en 2014, par l'entremise de Me Herzog, des informations secrètes auprès de Gilbert Azibert, alors haut magistrat, dans une procédure concernant la saisie de ses agendas en marge de l'affaire Bettencourt. Des informations qui devaient être délivrées par le magistrat en échange d'un coup de pouce pour un poste de prestige à Monaco.
Devant le tribunal, ses avocats avaient fait valoir qu'in fine, Nicolas Sarkozy n'avait pas eu gain de cause devant la Cour de cassation et que Gilbert Azibert n'avait jamais eu de poste à Monaco. Selon la loi, il n'est cependant pas nécessaire que la contrepartie ait été obtenue, ni que l'influence soit réelle, pour caractériser les délits de corruption et de trafic d'influence.
Un nouveau procès pour Sarkozy, dans l'affaire "Bygmalion", dès le 17 mars
Cette première condamnation pour Nicolas Sarkozy intervient alors qu'il doit faire face à nouveau à des juges, dès le 17 mars, au procès de l'affaire "Bygmalion", portant sur les frais de sa campagne présidentielle de 2012.
Retiré de la politique depuis 2016 mais toujours très populaire à droite, un an avant le prochain scrutin présidentiel, Nicolas Sarkozy est sous forte pression judiciaire. Il est mis en cause dans plusieurs dossiers, dont celui des soupçons de financement libyen de sa campagne victorieuse de 2007.