Dix jours après sa sortie en librairie, La Familia grande a déjà provoqué une onde de choc dans les milieux politique et médiatique, mais permet également de libérer la parole des victimes d'inceste. Alors que le livre dans lequel Camille Kouchner dénonce les agressions incestueuses qu'aurait imposées son beau-père Olivier Duhamel à son frère jumeau quand il était adolescent à la fin des années 1980, est en tête des ventes, les associations constatent ainsi une hausse des demandes d'aide depuis le début de l'année 2021.
Lorsque l'affaire a éclaté, Marie, l'une de ces victimes, s'est dit que c'était un signe. "L'affaire m'éclaire à tous les niveaux. Ça m'a bouleversé de requestionnements", confie-t-elle à Europe 1. Alors qu'elle n'a découvert que très récemment que son frère avait abusé de sa fille quand elle était plus petite, cette maman est aujourd'hui gagnée par un sentiment ambivalent. "Ça me fait beaucoup de bien parce que je me dis 'oui, on peut parler, on a le droit de le faire'. Et de l'autre côté, ça pose question pour les conséquences. Parce que là, dans cette affaire Duhamel, sa vie est détruite médiatiquement. Et donc, moi, je me dis que dans ma petite sphère familiale, je vais détruire."
J'avais 9ans, ma soeur, 5ans1/2
— Anna Tanniou (@KENOANN) January 17, 2021
quand notre mère nous a vendues à un prêtre défroqué...
Moi, une fois.
Ma soeur,pendant 3ans.
Ma soeur ne peut s'en souvenir...
Moi je ne peux oublier.
J'ai 70ans #MetooIncest
"Il ne se passe pas un jour sans qu'on ait une demande d'aide"
Pour de nombreuses victimes et proches de victimes, l'affaire les pousse à franchir le cap. Depuis une dizaine de jours, la majorité des associations sont beaucoup plus sollicitées, et les appels doublent, voire sont parfois multipliés par quatre ou par cinq.
Un # que je n’aurais jamais cru devoir utiliser un jour. J’avais 5/6 ans, c’était mon grand-père. Et seulement à 25 ans j’ai enfin compris d’où venait mon mal-être. Mon cerveau a préféré oublier pendant tout ce temps pour me protéger.#MetooIncest
— Lala (@NBTOPATD) January 16, 2021
Vice-présidente de l'association "Le Monde à travers un regard", Sonia Laffargue confirme cette libération de la parole. "C'est vrai que depuis que l'affaire Duhamel est sortie, il ne passe pas un jour sans qu'on ait une demande d'aide. Il est passé des périodes où on n'avait pas de demandes du tout pendant deux ou trois mois", indique-t-elle à Europe 1. Et de conclure : "Le fait de faire fermer la bouche d'un individu pareil, ça permet à ceux qui se taisent de s'exprimer."
#MetooIncest
— nathalie Malbec (@NMALB1) January 17, 2021
J’avais 9 ans. Je revenais de colo, la cellule familiale était fragilisée par la dépression de ma mère. Mon frère aîné de 12 ans a pratiqué des abus sexuels sur moi pendant des mois.
Viol de la confiance, de l’enfance et de l’espérance.
Handicapé dans la vie
Selon les spécialistes, ces victimes sont également rassurées par le bon accueil du livre de Camille Kouchner par l'opinion publique. Et sur Twitter, des centaines de témoignages ont vu le jour samedi avec le hashtag #MeTooInceste, dans la lignée de #MeToo, qui avait permis de libérer la parole des femmes victimes d’agressions sexuelles et de harcèlement.