C'est une affaire qui le taraude encore aujourd'hui. Lundi, au micro de Karl Zero sur Europe 1 Jean-Marc Bloch, ancien patron de la police judiciaire de Versailles, le premier à avoir enquêté sur la disparition non résolue de la jeune Estelle Mouzin en 2003, a confié qu'il n'arrivait pas à se remettre de cet échec : "C'est une affaire à laquelle je pense très souvent. On trouve les auteurs de 85 % des affaires criminelles. Quand ça ne fonctionne pas, on se demande toujours pourquoi et ce qui fait que l'on a rien trouvé seize ans après", explique-t-il.
Estelle Mouzin a disparu le 9 janvier 2003, sur le chemin de l’école à Guermantes, en Seine-et-Marne. Malgré de longues recherches et la diffusion d’appels à témoins, aucune trace de la fillette n’a été retrouvée. En 2010, les enquêteurs ont diffusé une photo vieillie de l'enfant, sans succès. Récemment, un septième juge d'instruction a été saisi de l'affaire. Des fouilles sur un terrain ayant appartenu au tueur en série Michel Fourniret à Floing (Ardennes) ont également eu lieu en décembre. Mais elles n'ont pas abouti tout comme la piste Nordahl Lelandais, du nom de suspect de l'affaire de Maëlys.
"On est sur un sentiment d'échec". "On n'en sait pas plus aujourd'hui qu'au premier jour. On ne sait même pas ce qu'il s'est passé. Il n'y a pas un témoin qui a vu quelque chose", regrette Jean-Marc Bloch, aujourd'hui co-présentateur de l'émission Non élucidé sur RMC Story. "C'est très difficile pour nous (les enquêteurs NDLR). C'est ce qu'on appelle un coup dans le cœur. On est sur un sentiment d'échec et c'est très pénible car on parle d'un enfant, que l'on pense aux parents. C'est inconcevable dans notre société évoluée qu'un enfant de dix ans disparaisse".
"C'est son droit absolu de déposer plainte". Le père d'Estelle Mouzin a porté plainte contre l'Etat pour faute lourde, dénonçant "une mauvaise instruction, une mauvaise gestion des moyens, une mauvaise coordination entre la police et la justice, une absence de PV de synthèse, une rotation des juges sans suivi". Mi-janvier, celle-ci a été jugée recevable. "Je n'ai pas du tout à en juger. C'est son droit absolu de déposer plainte. C'est le droit de tous les citoyens", estime Jean-Marc Bloch qui ajoute toutefois que faire un PV de synthèse ne serait pas, selon lui, des plus utiles. "La procédure fait 80.000 feuillets. C'est énorme. Il faudrait des semaines et des semaines", précise-t-il. "Surtout, je ne crois pas que ça aboutirait à grand chose car il n'y a pas de fil conducteur. Toutes les pistes se sont arrêtées très rapidement", souligne-t-il. "Tout ce que je sais, en ce qui concerne la PJ de Versailles, c'est que l'on a travaillé énormément sur cette affaire".