La mère de Fiona et son ex-compagnon, Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, ont été condamnés dans la nuit de samedi à dimanche en appel à 20 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de la Haute-Loire pour "violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort de la fillette sans intention de la donner". La peine de réclusion a été assortie pour Cécile Bourgeon d'un retrait total de son autorité parentale sur ses deux autres enfants âgés de 5 et 7 ans.
Reconnus coupables tous deux. "Les mensonges, les contradictions, les silences, les incohérences, la variabilité n'ont pas permis d'appréhender le contexte exact du décès. Pour autant, le positionnement (des accusés) ne suffit pas à créer un doute raisonnable (...) Si ce n'est menti, ils n'ont pas tout dit", a déclaré le président de la cour, en lisant les motivations de l'arrêt rendu dans la nuit de samedi à dimanche au Puy-en-Velay. Car après 25 jours de procès cumulés, rien de nouveau ou presque n'a émergé sur les faits eux-mêmes. Les anciens partenaires se sont accusés l'un l'autre d'avoir porté des coups à l'enfant, sans les lier à son décès. Trente ans de réclusion criminelle avaient été requis plus tôt dans la journée par l'avocat général à l'encontre de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, considérés l'un et l'autre responsables de la mort de la petite Fiona en mai 2013.
"Une grande victoire juridique". "Elle a la peine qu'elle mérite. C'est un soulagement pour moi et c'est juste pour Fiona", a réagi le père de la fillette, Nicolas Chafoulais, à l'annonce du verdict. "Apaisé ? Non. Ma fille n'est pas revenue", a-t-il poursuivi, gagné par l'émotion. La dépouille de la fillette n'a jamais été retrouvée depuis sa disparition en mai 2013. "On a pu faire triompher la vérité sur le mensonge et la manipulation. Les jurés ont compris ce que Nicolas Chafoulais avait compris, c'est-à-dire une femme coupable. C'est une grande victoire juridique", s'est aussi félicité l'un des ses conseils, Me Charles Fribourg.
Pourvoi en cassation. "Je ne suis naturellement pas surpris par cette décision au regard des graves évènements qui ont émaillé cette audience et qui avaient justifié lundi que nous sollicitions le renvoi", a réagi l'un des conseils de Cécile Bourgeon, Me Renaud Portejoie. Avant d'annoncer qu'il allait former "un pourvoi en cassation dès lundi". "Il y aura donc un troisième procès", a-t-il assuré. Ou plutôt un quatrième : le premier procès en appel avait avorté en octobre à la suite d'une querelle entre avocats.
Acquittée des faits criminels en 1ère instance. En première instance en 2016, la cour d'assises du Puy-de-Dôme avait dissocié les peines, acquittant Cécile Bourgeon pour les faits criminels - les coups fatals à Fiona - et l'avait condamnée à cinq ans de prison pour avoir fait croire à un enlèvement de l'enfant. Berkane Makhlouf avait, lui, écopé de 20 ans de réclusion pour l'ensemble des faits. L'avocat de Cécile Bourgeon a d'ores et déjà fait savoir qu'il allait déposer un pourvoi en cassation dès lundi matin.
Fiona, 5 ans, avait été signalée comme disparue par sa mère le 12 mai 2013 à Clermont-Ferrand. Cécile Bourgeon avait fini par avouer la mort de sa fille quatre mois plus tard. Un décès qu'elle aurait caché en enterrant le corps avec l'aide de son compagnon de l'époque, Berkane Makhlouf. Le corps de la fillette n'a jamais été retrouvé, les deux accusés affirmant ne plus se rappeler du lieu d'inhumation.