Me Gary Lagardette et Me Stéphane Giuranna se sont présentés à la presse, mardi après-midi, avec la satisfaction d'avoir extrait de leurs cellules Jacqueline et Marcel Jacob, mis en examen vendredi pour enlèvement et séquestration suivie de mort, dans l'affaire Grégory. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon a décidé, contre l'avis du parquet général, de remettre en liberté le grand-oncle et la grande-tante du petit garçon de quatre ans, dont le corps avait été retrouvé dans la Vologne en octobre 1984.
Comment interpréter cette décision ?
Cette décision de la chambre de l'instruction est incontestablement un revers pour le parquet général, qui avait requis, plus tôt dans la journée, le maintien en détention de Marcel et Jacqueline Jacob. Pour les avocats de la défense, l'incarcération des époux était "totalement anormale", basée sur aucun argument solide. "À l'heure actuelle, je ne sais toujours pas ce sur quoi se base l'accusation", avait affirmé Me Giuranna, lundi. Si Jacqueline et Marcel Jacob restent mis en examen, le conseil s'est réjoui de la décision prise. "La chambre de l'instruction a entendu nos arguments sur la faiblesse des charges - je pourrais même dire l'inexistence des charges - qui pesaient contre les époux Jacob", a-t-il déclaré mardi après-midi.
Le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc, souhaitait par cette détention provisoire "empêcher une concertation frauduleuse" entre les protagonistes de l'affaire, et contrarier d'éventuelles nuisances aux investigations. Mais la défense, bien préparée, est arrivée à l'audience avec de quoi rassurer sur ces points. "La cour a pris en considération les éléments que nous avons apportés ce week-end, à savoir les adresses secrètes, une interdiction absolue pour les époux Jacob de communiquer avec les médias, sans quoi leur placement en détention provisoire pourrait être immédiatement ré-ordonné", a précisé Me Giuranna.
Qu'advient-il du couple Jacob ?
Marcel et Jacqueline Jacob sont désormais soumis à un contrôle judiciaire, dont les modalités n'ont pas été précisées. Ils devront pointer à la gendarmerie à intervalles réguliers, sans que l'on connaisse, pour l'heure, la fréquence.
Marcel et Jacqueline Jacob vivront dans un premier temps séparément, dans deux logements situés à des adresses tenues secrètes, loin de leur domicile d'Aumontzey dans les Vosges.
Leurs avocats vont à présent s'atteler à la demande de nullité des mises en examen.
Cette remise en liberté signe-t-elle la fin de l'enquête ?
Les époux Jacob sont libres, restent mis en examen, soupçonnés d'avoir enlevé puis séquestré Grégory. "L'enfant a été enlevé du domicile de ses parents, séquestré et retenu un certain temps jusqu'à sa mort. Ceux qui ont participé à cet enlèvement sont les auteurs du crime", avait indiqué mercredi après-midi le procureur général de la cour d'appel de Dijon. Le couple Jacob, resté mutique devant les enquêteurs, "ne présente pas en l'état d'alibi qui soit confirmé ou étayé", avait également indiqué le procureur, vendredi.
Bien que remis en liberté, Marcel et Jacqueline Jacob demeurent à la disposition de la justice, et vont désormais être entendus sur le fond de l'affaire, dans les prochaines semaines. "Il va y avoir des auditions rapides", a affirmé Me Giuranna à la sortie du palais.
Dans cette affaire, d'autres protagonistes pourraient être entendus dès cette semaine.