L'ex-Premier ministre Edouard Balladur sera jugé devant la Cour de justice de la République, après le rejet de ses pourvois annoncé, vendredi, par la Cour de cassation. Il comparaît dans le cadre de l'affaire Karachi pour les soupçons de financement occulte de sa campagne présidentielle de 1995.
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Edouard Balladur, 90 ans, s'était pourvu en cassation contre son renvoi pour "complicité d'abus de biens sociaux" et "recel" de ce délit dans le volet financier gouvernemental de cette affaire. Ce procès sera le deuxième dans cette tentaculaire affaire, après celui qui s'est déroulé en octobre sur le volet financier non-gouvernemental et dont le jugement sera rendu en avril. Son ex-ministre de la Défense, François Léotard, doit lui aussi être jugé pour "complicité d'abus de biens sociaux".
Système de rétrocommissions
L'affaire Karachi doit son nom à l'attentat du 8 mai 2002 qui avait fait quinze morts, dont onze employés français de la Direction des chantiers navals (ex-DCN) qui travaillaient à la construction d'un des sous-marins Agosta vendus au Pakistan. L'enquête antiterroriste a exploré depuis 2009 la thèse, non confirmée, des représailles à la décision de Jacques Chirac, tombeur d'Edouard Balladur à la présidentielle 1995, d'arrêter le versement de commissions dans ces contrats après son élection.
En creusant cette hypothèse, les magistrats ont acquis la conviction que les comptes de campagne d'Edouard Balladur, pourtant validés par le Conseil constitutionnel, avaient été en partie financés via un système de rétrocommissions illégales. Ces dernières, estimées à plusieurs millions d'euros, portaient sur des ventes de sous-marins au Pakistan (Agosta) et de frégates à l'Arabie Saoudite (Sawari II), lorsqu'il était au gouvernement entre 1993 et 1995.
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Plusieurs protagonistes ont été jugés en octobre devant le tribunal correctionnel de Paris pour ces mêmes faits : parmi eux, Thierry Gaubert, ex-membre du cabinet du ministre du Budget de l'époque Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire, ancien directeur de campagne du candidat Balladur, ainsi que l'intermédiaire controversé Ziad Takieddine. Des peines de 18 mois à sept ans de prison ferme y ont été requises. Le jugement sera rendu le 22 avril.