Quelque 3.600 personnes souffrant de problèmes cardiaques à cause du médicament Mediator, un anti-diabétique utilisé comme coupe-faim et retiré du marché en 2009, ont déjà été indemnisées par le laboratoire Servier, a révélé mardi soir Le Parisien. Le montant total de ces indemnisations s'élève à 115,9 millions d'euros, un record en France en matière médicale. Il devrait atteindre dans les prochains mois 141,3 millions d'euros, soit l'intégralité des offres faites par le laboratoire.
Jusqu'à un million d'euros par victime
Les montants individuels vont de quelques milliers à un million d'euros, selon la gravité des pathologies contractées. Les associations de patients ont salué un tournant dans l'indemnisation des victimes de médicaments en France, jusqu'à présent très faible par rapport à celles versées dans d'autres pays, en particulier aux États-Unis.
Mais les victimes déjà indemnisées ont accepté de ne pas témoigner lors du grand procès du Mediator, qui s'ouvrira en septembre prochain. Un arrangement que dénonce Georges-Alexandre Imbert, de l'Association d'Aide aux victimes des accidents de médicaments, interrogé par Europe 1. "Ceux qui ont été indemnisés ont signé un engagement de confidentialité et un engagement à cesser toute poursuite contre le laboratoire, ce qui est absolument anormal. Il faut que les victimes puissent également être reçues par le tribunal dans leur combat pour une meilleure santé et pour la vérité", estime-t-il.
Des centaines de millions d'euros en jeu
Accusé de "tromperie sur les risques du produit", d'"escroquerie" et d'"homicides et blessures involontaires", le géant français risque bien plus gros que les indemnisations déjà versées, les caisses de sécurité sociale lui réclamant des centaines de millions d'euros de préjudice. Servier, qui peut se targuer d'un chiffre d'affaires de 4,2 milliards d'euros en 2018, pourrait même perdre sa licence commerciale.