Qui connait vraiment la vie au sein d'un foyer ? Comment est accueilli un enfant dans une famille désignée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) ? Diffusée dimanche à 21h sur M6, la prochaine enquête de Zone Interdite ambitionne de lever le voile sur cet univers. Et le résultat s'annonce glaçant. Adeline, 18 ans, a toujours vécu dans ce genre de structures. Violences physiques et verbales, agression sexuelle, esclavage moderne… La jeune femme raconte son histoire et dénonce les défaillances de l’ASE. Elle était vendredi l'invitée de Philippe Vandel, sur Europe 1.
Adeline, vous avez grandi dans les foyers et familles de l'ASE jusqu'à vos 18 ans, jusqu'à ce que toutes vos aides soient coupées et que vous vous retrouviez à la rue. Racontez-nous votre histoire.
Au sein des foyers et familles d'accueil, ça ne s'est pas très bien passé. Je n'ai pas eu de chance, je suis tombée sur des familles d'accueil malsaines, sur des foyers malsains aussi. Je me suis battue et rebattue pour avoir un contrat jeune majeur [au bout de 18 ans de placement]. J'ai décroché cette place il y a trois mois.
Qu'est ce que vous qualifiez de malsain ?
Quand je dis malsain… Ce sont une grosse négativité, des violences physiques et verbales de leur part. Il y a un rabaissement et une perte de confiance des jeunes.
Y compris dans les familles censées vous accueillir et vous aider à grandir ?
[L'ASE] nous place dans des familles qu'elle ne connait pas du tout. On est jeté dans l'inconnu, balancé comme dans des boîtes aux lettres. En fin de compte, on est des jeunes considérés comme objets. Une fois j'ai été placée dans une famille d'accueil qui passait son temps à manger des chips devant la télé pendant que moi je devais faire tout le ménage toute la journée. Aucun éducateur ne se soucie de nous, de l'endroit où nous sommes placés. On ne reçoit aucune visite d'éducateur. Il nous arrive des choses vraiment tristes et horribles. On passe par des agressions sexuelles, par les hommes de famille d'accueil, ça va jusqu'au viol.
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Vous parlez de vous ou bien de récits que l'on vous a fait ?
En général et de moi-même...
Dans le documentaire, on voit qu'il est très facile de se faire embaucher. N'importe qui ou presque peut devenir éducateur dans un foyer. C'est ce que vous avez ressenti ?
Je n'ai pas de mot tellement j'ai souffert au sein des foyers et familles d'accueil. Le foyer c'est exactement pareil que la famille d'accueil. Ce sont des éducateurs non-professionnalisés. Ils n'ont pas de diplôme. On les prend comme ça car ils sont en manque d'effectifs.
Eux-mêmes sont violents ?
Oui ! Pour moi, il y a 98% des éducateurs qui ne font pas leur métier... qui sont violents. On nous balance contre les murs, contre les armoires. On nous frappe jusqu'au sang, ils n'ont aucune pitié.
On vous a frappé jusqu'au sang sous quel prétexte ?
Aucun prétexte ! Ou alors on met l'enfant à bout par des mots blessant pour le mettre en colère et trouver l'excuse pour le frapper.
Vous dites l'enfant. Vous aviez quel âge à ce moment-là ?
J'avais 13 ans, 12 ans, 11 ans, 10 ans, 9 ans, 8 ans, 6 ans, 7 ans. Et je suis resté dans une famille d'accueil qui m'a maltraitée pendant douze ans.