Le philosophe Alain Finkielkraut 1:45
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M.L. , modifié à
Invité d'Europe 1, mercredi, le philosophe est revenu sur son altercation avec les manifestants de la place de la République, jugeant le mouvement "contradictoire".
INTERVIEW

"Je pense que la plupart des gens ont été choqués par le traitement qui m'a été réservé", estime Alain Finkielkraut. Le 17 avril, le philosophe avait été éconduit du mouvement "Nuit debout" et traité de "facho" par les occupants de la place de la République, à Paris. "J'y allais par curiosité", a assuré l'écrivain mercredi sur Europe 1.

"On vomit la présence étrangère". "Je n'ai pas pu tenir plus de vingt minutes", poursuit Alain Finkielkraut. "Je me promenais et au moment d'arriver à l'assemblée générale, un homme, les dents serrées, m'a dit 'on n'a pas besoin de vous ici", raconte-t-il. "On présente Nuit debout comme une agora. (...) Et là on refuse la plus petite parcelle d'autorité, on vomit la présence étrangère, et le débat, c'est entre soi", pointe le philosophe. "Il y a une contradiction qui est apparue à beaucoup de gens."

Entendu sur europe1 :
Plutôt que de renouveler la démocratie, on y réinvente, sur une toute petite échelle, le totalitarisme

Selon l'écrivain, le mouvement propose une alternative "radicale". "J'ai vu deux discours qui avaient un furieux air de déjà vu, contre la société de consommation, contre le capitalisme", se souvient-il.  "Plutôt que de renouveler la démocratie, on y réinvente, sur une toute petite échelle, le totalitarisme. On veut édifier un nouveau monde, et on commence par purger le vieux monde de ce qui le compose", estime Alain Finkielkraut. 

Devoir d'exemplarité. "Le philosophe pointe également les débordements survenus en marge du mouvement, estimant qu'"il faut être exemplaire si on veut annoncer un nouveau monde". "Or toutes les nuits, la place de la République est un véritable dépotoir. Et qui nettoie Nuit debout ? ce sont des employés, ce sont des ouvriers, tous les jours", dénonce-t-il. "Ce mouvement devrait mettre un point d'honneur à  ne pas nuire", poursuit le membre de l'Académie française.

Estimant que le gouvernement ne tolère "Nuit debout" que par crainte d'une jonction avec la contestation lycéenne - "parce que depuis 1986, tous les gouvernements vivent dans la terreur des enfants-, Alain Finkielkraut juge finalement que ce mouvement "est là pour tuer l'esprit du 11 janvier." "En 2015, la France éberluée a découvert la réalité d'un ennemi terrible : l'islam radical. (...) Une brèche a été ouverte dans la vieille vision progressiste de l'histoire. Et Nuit debout colmate la brèche : l'islam radical disparaît, l'ennemi, ça redevient la domination, la bourgeoisie, le capitalisme et l'Etat policier", conclut le philosophe.