Alexandre Benalla a été mis en examen par les juges d'instruction pour l'usage abusif de ses divers passeports après son limogeage de l'Élysée cet été, a-t-on appris vendredi de source judiciaire. L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron a été mis en examen du chef d’"usage public et sans droit d'un document justificatif d'une qualité professionnelle".
Il a également été placé sous le statut de témoin assisté des chefs d’abus de confiance, de faux et usage de faux document administratif, d’obtention indue de document administratif, concernant les accusations de faux documents administratifs formulées par le directeur de cabinet de l'Elysée devant la commission d'enquête du Sénat mercredi. Alexandre Benalla a enfin été placé sous contrôle judiciaire avec obligation de pointer mensuellement.
"Nous sommes très contents ce soir", affirme son avocate. Plus tôt dans la soirée, l'avocate d'Alexandre Benalla, Me Jacqueline Laffont, avait annoncé que son client avait été mis en examen "exclusivement" pour l'usage abusif de ses divers passeports, à la sortie du bureau parisien du juge d'instruction. "Donc nous sommes très très contents ce soir", a-t-elle conclu devant la presse au tribunal de Paris.
A l'issue de 24h de garde à vue, Alexandre Benalla comparaissait devant un juge d'instruction saisi par le parquet d'une information judiciaire ouverte également pour "abus de confiance", "faux et usage de faux document administratif" et "obtention indue de document administratif". Pour ces trois qualifications, plus lourdes, "il a été laissé sous le statut de témoin assisté", intermédiaire entre le simple témoin et la mise en examen, avait ajouté Me Laffont.
"Des accusations insuffisantes" sur les passeports de service. "Les accusations portées par Patrick Stzroda devant la commission du Sénat ont été jugées insuffisantes", a également déclaré l'avocate. Devant les sénateurs, le directeur de cabinet d'Emmanuel Macron avait affirmé mercredi que la demande d'un second passeport de service avait été faite par Alexandre Benalla au ministère de l'Intérieur grâce à une lettre à en-tête du chef de cabinet de l'Élysée, mais "dactylographiée" et non signée. En clair, "nous soupçonnons une falsification faite par Alexandre Benalla", avait-t-il affirmé, révélant avoir saisi le parquet de Paris.
Celui-ci avait le jour-même étendu à ces nouveaux faits son enquête préliminaire sur le mésusage des passeports. Le haut fonctionnaire avait aussi révélé qu'Alexandre Benalla avait utilisé "presque une vingtaine de fois" ses passeports diplomatiques après son licenciement, entre le 1er août et le 31 décembre.
Benalla doit être entendu lundi au Sénat. Le parquet de Paris avait requis le placement sous contrôle judiciaire de l'ancien homme-clé du dispositif de sécurité de l'Elysée. Les magistrats instructeurs vont désormais poursuivre les investigations préliminaires et peuvent décider de le mettre en examen ultérieurement s'ils réunissent des indices graves et concordants, dans ce 2ème volet sur les passeports.
Alexandre Benalla, 27 ans, doit être entendu à nouveau par la commission d'enquête du Sénat lundi, où se reposera la question de la limite du champ d'investigation des sénateurs compte tenu de l'enquête judiciaire en cours.