Le soir du 14 juillet, Alexandre rentre chez lui à vélo sur la Promenade des Anglais, quand il voit un camion débouler. Immédiatement, il réalise que c’est un attentat. "J'ai vu le terroriste, il était bien agrippé à son volant donc ça ne pouvait pas être un accident, un conducteur qui aurait perdu le contrôle de son camion. J'ai compris qu'il voulait faire un massacre", se souvient-il, interrogé par Thomas Sotto vendredi matin à la veille de la cérémonie nationale d'hommage aux victimes déplacée à samedi à 11h sur la colline du Château à Nice en raison des risques météorologiques.
"Un regard froid". Par réflexe, Alexandre jette alors son vélo. "Le camion m’a frôlé. Je me suis mis à courir derrière et j’ai réussi à m'accrocher à la portière. J’ai essayé de l’ouvrir une ou deux fois. Je l’ai vu sortir une arme pour de me tirer dessus. A ce moment-là, j’ai lâché la portière et j’ai laissé partir le camion." La scène dure à peine quelques minutes mais le Niçois a eu "l’impression que cela durait très longtemps". Dans ce court laps de temps, Alexandre croise le regard de Mohamed L.B., "froid, concentré comme s'il jouait à la console".
Au mépris de sa vie, Alexandre fait tout son possible pour arrêter le terroriste. "Je ne pensais pas que je pouvais me faire tuer, tout se passe tellement vite", lâche-t-il la voix tremblante. "Je cherchais juste à ouvrir la portière. Je ne sais même pas pourquoi je l’ai fait mais je l’ai fait."
"Je ne veux pas de médaille." A-t-il le sentiment d'être un héros ? Pas vraiment. Mais il admet avoir été touché par la pétition mise en ligne sur change.org pour réclamer qu'on lui remette - aux côtés de Franck et Gwenaël, les autres anonymes courageux du 14 juillet - la Légion d'honneur. "Mais je ne cherche pas avoir une médaille. Il y a eu des victimes, les médailles ça ne veut rien dire à côté."
Troubles du sommeil. Aujourd'hui, Alexandre se reconstruit progressivement. Le traumatisme est encore là - "Je ne pense pas que cela va partir du jour au lendemain" - mais le jeune homme assure aller mieux et moins penser à cette nuit tragique. "Mais j’ai toujours des troubles du sommeil. Je me réveille la nuit à cause des cauchemars." Le Niçois confesse avoir changé, faire plus attention quand il sors de chez lui : "Est-ce qu’il y a assez de sécurité ? Je me pose beaucoup de questions à chaque fois."
Impossible de retourner sur la Prom'. Depuis l'attentat, Alexandre a "du mal à retourner" sur les lieux du drame. "Avant, je faisais du vélo sur la Prom’, maintenant je n’en fais plus. Ça me fait du mal d’aller là-bas, par rapport aux gens décédés, je ne me sens pas bien."
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Alexandre : "Je me rapelle de son visage, de...par Europe1fr