Pour le sociologue Jean Viard, l'agriculture ne sera probablement jamais 100% bio
Selon Jean Viard, environ 50.000 fermes françaises sur 500.000 sont désormais converties en bio. Mais la perspective d'une production agricole complètement bio à l'avenir semble peu envisageable pour le sociologue. "Si on on veut que l'agriculture change, il faudra y mettre des moyens", rappelle-t-il lundi sur Europe 1.
L'année dernière en France, plus de 7.000 agriculteurs ont fait le choix de se convertir à l'agriculture biologique. Désormais, environ 50.000 fermes sur les 500.000 exploitations que compte la France fournissent une production bio, selon Jean Viard, sociologue et auteur du livre Le sacre de la terre. Invité du Grand journal du soir, délocalisé lundi à Langouët, cette commune d'Ille-et-Vilaine devenue célèbre en 2019 par l'arrêté anti-pesticides pris par son maire, Jean Viard confie ses doutes : il dit ne pas être "sûr" que la production agricole française sera 100% bio à l'avenir, même dans trente ans. "Ce qui est sûr, c'est que si on on veut que l'agriculture change, il faudra y mettre des moyens", affirme-t-il.
"L'agriculture et les pesticides tels qu'on les connaît n'existeront plus"
Pour le sociologue, soit ces moyens "sont payés par le marché" au risque d'avoir des produits "plus chers", soit ils proviennent d'une "politique [agricole] commune qui arrête d'être à l'hectare" au niveau européen. D'autant plus que "les 50.000 fermes bio sont moins grosses que les autres", explique-t-il. "Au fond, ce ne sont encore quasiment que des militants."
En revanche, Jean Viard estime "probable" que "l'agriculture et les pesticides tels qu'on les connaît n'existeront plus". "On va inventer peut-être des choses moins dangereuses", estime-t-il.
"Les gens investissent sur le très long terme"
"Il n'y a pas de secret, on ne peut pas changer [d'un coup] une chaîne de production où il y a 500.000 fermes et où souvent les gens investissent sur le très long terme. L’agriculture, vous achetez des bâtiments, vous achetez des terres... Ça dure longtemps", argumente le sociologue. Avant de conclure : "Quand vous voulez changer en cours de route, c'est un peu comme un supertanker. Vous ne pouvez pas tourner comme avec un kart."