Une prise de position qui risque de déplaire à l’exécutif. Invitée de La France bouge ce lundi, sur Europe 1, Elisabeth Moreno, ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes, a confié qu’elle était « à titre personnel » favorable à l’allongement du délai à l’avortement de 12 à 14 semaines. Une réforme faisant partie de la proposition de loi « visant à renforcer le droit à l’avortement », adoptée le 2 décembre par l’Assemblée nationale, mais à laquelle Emmanuel Macron s’est toujours opposé.
Macron contre l'allongement du délai d'IVG
En juillet dernier, dans une interview pour le magazine Elle, le président de la République avait en effet affirmé que, si "l’IVG était une conquête immense pour les femmes et pour les hommes, pour la dignité et l’humanité de tous", elle restait néanmoins un "traumatisme". Une déclaration qui avait choqué les défenseurs du droit à l’avortement. "L’éternelle assignation des femmes au trauma de l’avortement. Pour bien les culpabiliser", avait réagi l’ancienne ministre de la Famille et des Droits des femmes Laurence Rossignol.
Un combat "de longue haleine"
Interrogée à ce sujet par Elisabeth Assayag et Emmanuel Duteil dans La France bouge, Elisabeth Moreno a assumé son opposition au président de la République à ce sujet. "A titre personnel, évidemment, je ne peux qu’y être favorable", a déclaré la ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes. "Le droit à l’IVG est un droit qui a été combattu de longue haleine. On se souvient de toutes les difficultés qu'avait rencontrées Simone Veil lorsqu'elle avait défendu cette loi", a-t-elle souligné avant d’insister sur la nécessité de continuer à se battre pour "le droit des femmes à disposer de leur corps", menacé dans plusieurs pays, comme en Hongrie, ou aux Etats-Unis.
Une proposition de loi votée par la majorité En Marche
Très critiquée à droite, la proposition de loi prolongeant de 12 à 14 semaines le délai légal de l’interruption volontaire de grossesse a étonnamment été votée, à l’Assemblée, par la majorité En Marche contre l’avis d’Emmanuel Macron. Quelques jours plus tôt, le président de la République était allé plus loin dans sa prise de sa position, en déclarant au Figaro que "des délais supplémentaires (passer de 12 à 14 semaines), ce n’est pas neutre".
La ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes a néanmoins tenu à défendre la volonté d’Emmanuel Macron de renforcer le droit à l’avortement. "Ce que le président de la République dit, c’est qu’il faut impérativement déployer sur tout le territoire, tous les moyens possibles, pour permettre aux femmes, qu'elles soient dans les zones rurales, sur les territoires ultramarins ou dans les grandes villes, d'avoir accès aux dispositifs qui existent pour justement avoir une bonne éducation à la sexualité et éviter d'avoir besoin de l'avortement", a affirmé Elisabeth Moreno, pour qui cette volonté n’est pas "incompatible" avec l’allongement du délai à l’avortement.
La proposition de loi, adoptée par l'Assemblée, sera examinée au Sénat à partir du 10 janvier 2022. Le Sénat l'avait déjà rejetée en 2020.