Le nombre de mineurs étrangers en provenance d'Italie a doublé depuis le début de l'année dans les Alpes-Maritimes, entraînant une saturation du dispositif d'accueil départemental, indique samedi la préfecture à l'AFP. En provenance principalement de Guinée, Côte d'Ivoire, Tunisie et Soudan, 3.673 mineurs non accompagnés (MNA) ont fait l'objet, entre le 1ᵉʳ janvier et le 16 août, d'un placement dans un foyer du département, selon les chiffres de la préfecture, contre 1.793 pour la même période de 2022, soit plus du double.
"Avec un millier de places, le dispositif d'accueil est saturé, le département n'a plus la capacité de prendre en charge ces mineurs", selon un représentant de la préfecture des Alpes-Maritimes. "Dans ces conditions, les mineurs doivent stationner pendant un, deux ou trois jours dans les locaux de la Police aux frontières à Menton" avant leur prise en charge par les services départementaux, reconnaît la préfecture, une situation dénoncée par les associations d'aide aux migrants.
"Enfermements, refoulements illégaux et absences de prises en charge"
Celles-ci, dans un communiqué commun publié vendredi, dénoncent les "enfermements, refoulements illégaux et absences de prises en charge" auxquels ces mineurs étrangers seraient confrontés à Menton, mais aussi une fois parvenus à Nice. "Soixante-huit mineurs étaient enfermés ce lundi 21 août, dans des locaux [à la PAF de Menton] totalement inadaptés et dans des conditions sanitaires déplorables : en pleine canicule, entassés, dormant à même le sol avec uniquement un lavabo et un WC", pointent ainsi les associations, dont RESF, Médecins du Monde et la Cimade.
Le président du Conseil départemental des Alpes-Maritimes, Charles-Ange Ginésy (LR), a de son côté une nouvelle fois alerté sur "le déferlement migratoire en provenance de l'Italie". Dans un courrier adressé le 23 août au président de la République Emmanuel Macron et à la Première ministre Elisabeth Borne, il demande que l'État "assume ses responsabilités face à cette situation" en mettant en œuvre "tous les moyens pour gérer cette immigration massive".
En mai, l'Assemblée des départements de France (ADF) avait déjà réclamé au gouvernement son aide pour faire face à une "situation explosive" dans les Alpes-Maritimes, où se concentrent plus du tiers des mineurs isolés étrangers arrivés en France depuis janvier, créant "l'embolie" des structures d'hébergement locales. Selon la préfecture des Alpes-Maritimes, citant des chiffres des autorités italiennes, 101.386 personnes ont débarqué sur les côtes italiennes entre le 1ᵉʳ janvier et le 16 août, contre 48.940 pour la même période de 2022.