L'ancien ministre socialiste Jean-Michel Boucheron, déjà sanctionné à deux reprises par la justice pour malversations financières dans les années 1990, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour fraude fiscale par le tribunal correctionnel d'Angoulême. Le tribunal, qui a suivi les réquisitions du ministère public, l'a également condamné à payer une amende de 20.000 euros, justifier le paiement des sommes dues au fisc (redressement de plus de 180.000 euros) et une privation des droits civiques, civils et de famille durant trois ans. Sa compagne, poursuivie pour complicité de fraude fiscale, a été condamnée à six mois de prison avec sursis.
Fuite en Argentine. Jean-Michel Boucheron, 71 ans, était non seulement accusé de fraude fiscale mais aussi d'avoir organisé son insolvabilité en transférant les revenus issus de sa retraite parlementaire (environ 5.800 euros par mois) sur le compte de sa compagne. L'ancien maire d'Angoulême (1977 à 1989) avait écopé d'un redressement fiscal équivalent à 254.000 euros pour la période allant de 1987 à 1989, juste avant sa fuite pour l'Argentine. Sur cette somme, l'ancien élu ne s'est acquitté que de 37.000 euros, plus 30.000 euros via l'une de ses précédentes épouses. Reste donc une ardoise de plus de 180.000 euros que le fisc n'a pas oubliée : "de façon délibérée, il a joué au chat et à la souris avec l'administration fiscale", avait lancé à l'audience du 30 janvier l'avocat de cette dernière, maître Ralph Boussier, estimant qu'il ne revient "pas au contribuable français de subvenir au train de vie de Jean-Michel Boucheron".
"Il vit de l'argent public". Or "aujourd'hui, il vit de l'argent public", avait renchéri le vice-procureur Cyril Vidalie, rappelant que l'ancien ministre avait versé 280.000 euros à sa compagne entre 2010 et 2015. Sans oublier les "affaires" passées : le financement des campagnes du Parti socialiste, les chasses au Zimbabwe, l'achat d'un voilier à Antigua, etc. Secrétaire d'Etat chargé des collectivités territoriales dans le premier gouvernement de Michel Rocard en mai-juin 1988, Jean-Michel Boucheron avait été condamné par défaut en juillet 1994 à quatre ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Paris pour malversations financières. Il avait été incarcéré en mars 1997 après son extradition par l'Argentine, où il avait ouvert un restaurant.