Le nouveau chef d'état-major des armées, le général François Lecointre, a mis en garde mardi contre les "réflexes de régulation budgétaire sauvages" dans le secteur de la défense, sur fond de surengagement des armées.
Attention à ne pas "détruire le travail de cohérence" des armées. "Une armée est un gros paquebot, on ne construit pas et on ne reconstruit pas un appareil militaire en deux coups de cuillère à pot", a-t-il déclaré à l'université d'été de la Défense, qui réunissait la ministre des Armées Florence Parly, militaires et parlementaires à Toulon (Var). "Les réflexes de régulation budgétaire sauvages viennent trop souvent, malheureusement, détruire le travail de cohérence qui est effectué dans le cadre de l'élaboration de la loi de programmation militaire et des lois de finances initiales", a-t-il ajouté. Le général Lecointre a notamment insisté sur la nécessité de maintenir un financement interministériel des opérations extérieures (environ 1,2 milliard d'euros par an) plutôt que de faire porter l'effort sur le seul ministère des Armées.
Une crise entre Macron et l'ex-chef d'état-major. "Qu'on ne prétende pas atteindre l'inatteignable qui sera extrêmement dangereux, c'est-à-dire 'le ministère des Armées, quoiqu'il arrive, prendra sous enveloppe la totalité des dépenses des opérations extérieures'", a-t-il souligné. Les armées vont devoir assumer en 2017 le surcoût des opérations extérieures (environ 850 millions d'euros), jusqu'ici réparti entre les autres ministères au nom de l'effort collectif de défense. Concrètement, leur budget restera en apparence inchangé par rapport à celui voté par le Parlement en 2016. Mais cela fait 850 millions de crédits en moins pour leurs programmes d'équipements.
Les coupes imposées aux armées en 2017, sur fond d'effort budgétaire global, ont provoqué une crise entre le président Emmanuel Macron et l'ex-chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers, qui a démissionné en juillet. Le chef de l'Etat a déclaré jeudi dans une interview au Point ne "pas avoir de regret" et "assumer totalement" cette crise, "tempête dans un verre d'eau". Il s'est engagé à porter l'effort de défense à 2% du produit intérieur brut (PIB) en 2025, soit un budget de 50 milliards d'euros, avec une première hausse conséquente de 1,8 milliard d'euros des crédits en 2018.