Assassinat de Samuel Paty : comment l'école fait-elle face aux menaces ?

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Clément Perruche, avec Virginie Riva , modifié à
Alors que professeurs et élèves  rendent hommage ce vendredi à Samuel Paty, assassiné il y a un an par un terroriste islamiste, l'heure est au bilan. Visés, certains professeurs bénéficient-ils d'une protection de leur direction et des autorités ? Il y a "une prise de conscience", selon le syndicaliste Jean-Rémi Girard, invité d'Europe 1 vendredi midi.
DÉCRYPTAGE

Les collèges et lycées ont rendu hommage, vendredi, à Samuel Paty, assassiné le 16 octobre 2020 par un terroriste islamiste tchétchène. Mais un an après le meurtre du professeur d'histoire-géographie, comment l'Éducation nationale répond-elle face aux menaces qui pèsent au quotidien sur ses collègues ? Jean-Rémi Girard, le président du Syndicat national des collèges et des lycées (Snalc), était l'invité d'Europe 1 vendredi midi. Il affirme que l'institution a pris conscience du fait que certains professeurs sont visés.

"Tout n'est pas résolu"

"Ce que l'on sent, c'est que ce type de problèmes liés à la diffusion de fausses informations sur les réseaux sociaux est nettement pris plus au sérieux par notre administration aujourd'hui qu'ils ne pouvaient l'être avant", affirme le syndicaliste, notamment "quand un professeur commence à voir son nom apparaître sur Facebook, sur Twitter et sur WhatsApp", ajoute-t-il. En revanche, pour le syndicaliste, "tout n'est pas résolu, très loin de là".

Interrogé sur le rôle de la direction dans cette prise de conscience, Jean-Rémi Girard a nuancé le rôle de l'administration centrale. Des "carrés régaliens" ont été créés dans chaque rectorat, avec quatre angles définis : valeurs de la République, radicalisation, violences, harcèlement. Cela permet de "donner des directives sur la protection fonctionnelle, sur le fait d'accompagner le dépôt de plainte des collèges, voire que l'institution elle-même porte plainte", décrit le syndicaliste. 

"Qu'un professeur soit soutenu immédiatement"

"Ensuite, il y a tout un tas de filtres par lesquels ça passe jusqu'à arriver dans les écoles, les collèges et les lycées", poursuit Jean-Rémi Girard. "Et là, il y a aussi des questions de personnes. Il y a des chefs d'établissement qui n'ont pas attendu ça pour soutenir leurs équipes. D'autres se mouillent moins parce qu'ils ne le sentent pas trop vis-à-vis de la hiérarchie. Le 'pas de vagues' n'a pas complètement disparu d'un coup de baguette magique. On en a pris conscience mais il y a beaucoup de travail."

"À chaque fois qu'un professeur est pris à partie, insulté ou agressé, soit par des élèves, soit par des parents, il faut qu'il soit soutenu immédiatement et à tous les échelons de la hiérarchie de l'Éducation nationale", insiste de son côté Christine Guimonnet, présidente de l'Association des professeurs d'histoire-géographie.

Un plan formation sur la laïcité

Côté enseignement, il y a un an, les syndicats d'enseignants demandaient un cadrage national pour savoir s'il fallait ou non enseigner les caricatures et également plus d'heures d'enseignement moral et civique. Depuis, rien n'a changé. Pas d'heures supplémentaires et sur les caricatures, cela relève toujours de la liberté pédagogique de chacun. Sur la formation des enseignants à la laïcité, le rapport Obin, remis en mai dernier, alertait sur le fait qu'elle était très insuffisante. Depuis, Jean-Michel Blanquer a annoncé un plan formation pour tous les professeurs sur quatre ans.