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Guillaume Biet, édité par Romain David
Les procédures de contrôle prévues par les textes n'obligent pas à une enquête approfondie pour obtenir l'habilitation "secret défense", que détenait l'assaillant. D'autant que lors des derniers contrôles, celui-ci ne s'était vraisemblablement pas encore radicalisé.
ON DÉCRYPTE

L'enquête se poursuit après la tuerie de la préfecture de police jeudi dernier, qui a coûté la vie à quatre policiers, tués par l'un de leurs collègues du renseignement, lui-même abattu. Dimanche soir, après trois jours de garde à vue, l'épouse du tueur a été remise en liberté. Aucune charge n'a été retenue contre cette mère de famille de 38 ans. Si le mobile de l'assaillant n'est toujours pas clairement établi, sa radicalisation, en revanche, ne fait plus aucun doute. De quoi s’interroger sur les raisons pour lesquelles ni ses collègues, ni ses supérieurs, ne l'ont détectée.

En 16 ans de carrière aux renseignements parisiens, cet agent administratif n'a jamais fait l'objet d'une enquête approfondie. Pas même pour obtenir son habilitation "secret défense", indispensable pour travailler dans le service. Ce sésame lui a été délivré la première fois en juillet 2003, puis renouvelé en 2008 et la dernière fois en 2013. Sur quelle base ? Un formulaire administratif et une simple consultation des fichiers de police. Rien de plus.

Si ce genre de contrôle peut paraître très léger, il est parfaitement légal et répond à ce que prévoient les textes en vigueur, pour lui, comme pour une grande partie des policiers qui sont actuellement en poste à la Direction du renseignement parisien.

Une radicalisation tardive ? 

Toutefois, les règles ont été nettement durcies il y a deux ans par la nouvelle directrice, issue de la DGSI. Résultat : l'assaillant aurait dû faire l'objet de vérifications plus poussées à partir de 2020, pour le renouvellement de son habilitation "secret défense".

Mais même si ce type d'enquête avait eu lieu la dernière fois, en 2013, les policiers n'auraient sans doute pas trouvé grand-chose : à l'époque, l'informaticien sourd n'était pas encore marié, juste converti à l'islam depuis quelques années, mais sans pratique radicale. Et avait d'excellents états de service depuis dix ans.