De la colère, de la douleur, mais toujours cette certitude que les services secrets turcs sont responsables. Malgré le profil d'un tueur raciste, d'une attaque isolée, de nombreux membres de la communauté kurde voit toujours derrière cette fusillade la main d'Erdogan. C'est le cas de Naïm : "Il peut être fasciste, il peut être raciste, il peut être tout ce qu'il veut ; mais aller choisir une association kurde en plein cœur de Paris, ce n'est pas un hasard pour moi", confie-t-il. "On sait tous que c'est Ankara derrière cette attaque", ajoute-t-il.
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Une attaque dix après l'assassinat de trois militants kurdes à Paris
Pour Bachir également, il n'y a pas de doute. Selon lui, il s'agit juste de faire diversion. "On veut fermer le dossier tout de suite pour éviter les débordements. Cela aurait été un jeune ou un homme de 40 ans, ça aurait été la même chose", explique-t-il.
Les suspicions de la communauté sont d'autant plus vives qu'il y a dix ans presque jour pour jour, trois militantes kurdes avaient été assassinées dans le même 10e arrondissement de Paris. Un ressortissant turc, soupçonné d'avoir agi pour le compte des services de renseignement d'Ankara, est mort d'un cancer en 2016 en détention avant son procès.
Des voix dissidentes rares
Le tireur de l'attaque du 23 décembre, un homme de 69 ans, a été mis en examen puis écroué. Pour le moment, seul le mobile raciste est retenu par l’enquête. Les voix dissidentes sont très rares sur le sujet au sein de la communauté. Alors Camille, étudiante, elle, ne souhaite pas se positionner.
"Ce sont des hypothèses, on verra. Moi, je fais confiance quand même à la justice française. Il n'y a pas un scénario qui m'arrange ou un autre, si vous voulez. Je pense que de toute façon, c'est trop tôt : ça s'est passé le 23 décembre, je pense qu'il va falloir un petit peu de temps", concède-t-elle. Les hommages, eux, vont se poursuivre mais tous n'attendent qu'une chose, un procès et la condamnation de William, le tueur présumé, pour attentat terroriste.