Après 48 heures de silence, il a fini par livrer une première version aux enquêteurs. Le principal suspect de l’attaque au colis piégé à Lyon a reconnu avoir prêté allégeance au groupe Etat islamique, a rapporté jeudi une source judiciaire à Europe 1.
Placé en garde à vue depuis trois jours, ce jeune algérien de 24 ans est passé aux aveux mercredi, reconnaissant avoir fabriqué le dispositif explosif, qui a blessé 13 personnes légèrement vendredi dernier dans le centre de Lyon.
"Faire un maximum de victimes"
Dans ses premières déclarations aux enquêteurs, Mohamed Hichem M. a dit sa sympathie pour Daech, avant de finalement avouer avoir prêté allégeance au groupe terroriste. Toutefois, les enquêteurs de la sous-direction antiterroriste vérifient encore ses propos, qu'ils prennent avec prudence, et enquêtent sur sa radicalisation islamiste, passée totalement inaperçue, alors même que l'attaque n'a pas été revendiquée à ce jour.
D’après les informations d’Europe 1, le suspect a expliqué vouloir frapper juste avant les élections européennes, qui ont eu lieu deux jours après l'attaque, afin de faire monter le vote populiste et le racisme, et provoquer en retour la colère des musulmans de France. Une stratégie en tout point similaire à celle de Daech. Et c’est ce soutien à Daech qui l’aurait poussé à commettre l’attaque, dont l’objectif était clair, selon ses explications : faire un maximum de victimes dans un lieu public.
LIRE AUSSI -Explosion à Lyon : ce que l'on sait du mystérieux Mohamed Hichem M., le principal suspect
Des achats sur Internet
Son projet d’attentat a été mûri pendant des mois et a commencé à se concrétiser en mars dernier, lorsqu’il a passé commande en ligne pour les composants de son engin explosif, le tout livré à domicile. Il a ensuite conçu lui-même la bombe et le système de déclenchement à distance, a-t-il reconnu. Le jeune homme a été mis face aux évidences par les enquêteurs, alors que son ADN a été retrouvé sur le colis piégé et que des composants ont été découverts à son domicile, en banlieue de Lyon. Sur son ordinateur, le jeune homme avait par ailleurs fait des recherches sur le djihad.
Sa garde à vue doit prendre fin d'ici vendredi matin. Celles de son père et de sa mère, interpellés lundi, ont été levées jeudi en début d’après-midi, "en l’absence d’éléments les incriminant", a précisé le parquet de Paris. Son frère a lui aussi été libéré un peu plus tard dans la journée.