Quarante-huit heures après l'attaque sanglante qui a endeuillé la Préfecture de police de Paris, faisant cinq morts dont l’assaillant, l'enquête a pris une nouvelle tournure. Depuis vendredi soir, le Parquet national antiterroriste a repris le dossier car les policiers ont recueilli de nouveaux éléments qui les laissent penser à une attaque sur fond de radicalisation islamiste, alors que l'épouse du tueur au couteau est toujours en garde à vue.
Dès jeudi soir, la brigade criminelle avait souligné l’extrême violence du mode opératoire et ses similitudes, pour certaines victimes, avec les vidéos du groupe Etat islamique. Mais ce rapprochement semblait encore insuffisant pour attester de la radicalisation du tueur. En coulisse, la décision de privilégier la piste de l’attentat a fait l’objet d’un sérieux bras de fer. Elle a été prise après de longues et vives discussions entre les enquêteurs et les magistrats, entre le Parquet de Paris et le Parquet national antiterroriste, entre le ministère de l’Intérieur et la Préfecture de police.
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Des échanges de sms avant le passage à l'acte
C'est le travail des enquêteurs qui aura fait apparaître au premier plan la piste d'un acte terroriste. Cette hypothèse a soudainement été étayée lorsque les policiers ont commencé à examiner le contenu du téléphone portable du tueur. Ses derniers échanges de sms sont sans équivoque : le jour du drame, peu de temps avant de passer à l'action, il avait en effet annoncé à sa femme qu'il venait d'acheter un couteau de cuisine en céramique. Une lame de 33 centimètres, avec laquelle il s'apprêtait à commettre la tuerie. En réponse, son épouse ne l'aurait absolument pas dissuadé d'agir.
Depuis combien de temps savait-elle que son mari allait commettre une attaque ? Est-elle complice ? Ce sont toutes ces questions que les enquêteurs lui posent depuis jeudi. Vendredi, sa garde à vue a été prolongée. Ses déclarations renforcent la thèse d'une dérive islamiste de son époux, converti depuis 18 mois. Grâce au téléphone, les enquêteurs ont également découvert que cet agent administratif habilité secret défense, et chargé depuis 15 ans de la maintenance informatique de la direction du renseignement parisien, était parfois en contact avec des individus appartenant à la mouvance salafiste.
Décrit comme un homme réservé, taciturne, cet employé avait notamment tenu des propos jugés déplacés en 2015, après les attentats de Charlie Hebdo, au point d'être rappelé à l'ordre par ses supérieurs.