Noam Anouar, délégué syndical VIGI Police et auteur de La France doit savoir (éditions Plon), réagit au micro d'Europe 1 sur l'attaque au couteau qui a tué jeudi quatre fonctionnaires à la préfecture de police de Paris. Il affirme que l'institution "a essayé d’occulter l’attitude de radicalisation" de l'assaillant.
"On a voulu nous forcer la main pour nous orienter vers la piste de la démence et de la folie passagère, or petit à petit les éléments matériels nous ont amenés à conclure qu'il s'agissait d'un acte délibéré, préparé, prémédité et à vocation terroriste", déplore-t-il, évoquant des "pressions" exercées sur certains de ses collègues et sur lui-même. "Dès le départ, j'ai ressenti une forme de violence communicationnelle de la part de personnes qui souhaitaient protéger l'institution et la dédouaner de ses responsabilités."
"Après le recueillement, le bilan des responsabilités devra être dressé"
L'ancien policier constate qu'il y avait des "signaux faibles dès le départ" qui pouvaient faire avancer la piste de la radicalité. Selon lui, le ministère de l'Intérieur et les ressources humaines de la préfecture de police avaient cependant intérêt de dissimuler ces faillites. "La direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) a beaucoup fait parler d'elle dans ses faillites de la lutte antiterroriste dans la vague d'attentats qui nous a frappés depuis 2015. Cette disparité des services de renseignement, ce cloisonnement entre les différents organes de la police nationale, de la sécurité intérieure et de la sécurité extérieure, et ces guerres d'ego fratricides entre les services sont préjudiciables aux concitoyens et aux policiers."
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Noam Anouar appelle les institutions à répondre. "Après le recueillement, le bilan des responsabilités doit être dressé", tranche-t-il. "Ce n’était pas seulement un fonctionnaire de la préfecture de police, c'était un fonctionnaire qui avait accès à un certain nombre de données sensibles et à qui ont avait renouvelé une habilitation secret défense."