C'était il y a près de deux ans. Quelques jours après les attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Casher, quatre millions de Français avaient manifesté un peu partout en France. Les chefs d'Etat de nombreux pays s'étaient pressés à Paris pour défiler aux côtés de François Hollande. On avait alors parlé de "l'esprit du 11 janvier". Mais deux ans après, qu'en reste-t-il ?
"La France, ce n'est pas l'exclusion". Sur la très symbolique place de la République à Paris, la statue de Marianne semble désormais bien seule. Disparus les messages "Nous sommes tous Charlie" et "Nous sommes tous juifs". Seulement quelques rares fleurs résistent pour commémorer la mémoire des victimes. La place est désormais envahie par les skateurs. Pourtant, Chantal, une Parisienne, salue les combats quotidiens menés par certains Français, comme cet agriculteur jugé récemment pour avoir aidé des migrants. C'est grâce à cela qu'elle croit encore à l'esprit du 11-Janvier. "Je pense qu’il est là. Un petit peu caché, un peu froid, mais il est là quand même. La France, ce n’est pas l’exclusion. Je la souhaite colorée, métissée, multiculturelle", affirme-t-elle.
"On me traite de terroriste". L’ouverture aux autres, Feyrel ne demande que ça. Pourtant, cette jeune musulmane coquette, maquillée et voilée, est souvent victime d’insultes. "Je subis des attaques sournoises. On arrive près de moi, on me traite de terroriste. Ou alors, on me bouscule dans le métro", décrit la jeune femme. À cause de cela, Feyrel ne croit pas à l'esprit du 11-Janvier. Pour elle, les gens sont aujourd'hui davantage habités par la peur de l'autre.
Une peur due à l'ignorance, selon Alexis. Deux ans après le drame des attentats de janvier, et alors que de nouvelles attaques ont frappé la France en 2016, le jeune homme lance un appel au sursaut civique. "Si j’ai des vœux à adresser pour 2017, c’est de l’unité, de la conciliation, de l’écoute, du dialogue, pour qu’on puisse être unis face à une année qui s’annonce chargée pour notre pays", prévient-il. En 2015, l'esprit du 11-Janvier était un sursaut, une émotion, de la compassion. Aujourd'hui, pour beaucoup, il prend davantage la forme d'une revendication politique… à un peu plus de trois mois du premier tour de la présidentielle.