Il y a 40 ans jour pour jour, l'attentat de la rue des Rosiers endeuillait le quartier juif historique de Paris. Le 9 août 1982, un commando cible le restaurant emblématique "Jo Goldenberg", faisant six morts et 22 blessés. Un attentat antisémite attribué à une organisation terroriste palestinienne dissidente : le "Fatah-conseil révolutionnaire d'Abou Nidal".
Trois suspects en Jordanie ou en Cisjordanie
Aucun procès n'a encore eu lieu mais quatre hommes sont suspectés d'avoir fait partie du commando. L'un a été extradé vers la France il y a un an et demi, un Palestinien naturalisé norvégien de 63 ans, qui clame son innocence. Mais les trois autres, dont le cerveau présumé de l'attentat, sont toujours en Jordanie ou en Cisjordanie, malgré des mandats d'arrêt internationaux.
Les familles attendent la tenue d'un procès
"Nous faisons face à un mur concernant les trois derniers suspects qui sont identifiés, localisés. Nous appelons la nouvelle ministre des Affaires étrangères à dire concrètement ce qu'elle compte faire pour obtenir des avancées majeures dans les extraditions demandées et que nous ayons enfin des résultats concrets et non juste des déclarations officielles", déclare sur Europe 1 Yohann Taïeb, porte-parole d'une famille de victime de l'attentat.
De nombreuses familles attendent et espèrent la tenue d'un procès pour qu'enfin le statut de victime de leurs proches soit reconnu. Pour Manuel, le fils d'une des victimes, cette impasse judiciaire est insupportable. "J'ai l'impression que c'était hier. Ça fait 40 ans que je vis avec cet attentat. C'est une plaie qui ne se referme pas", confie-t-il au micro d'Europe 1.
"Nous sommes les grands oubliés dans l'histoire du terrorisme"
"Pendant plus de 30 ans, on n'a jamais été prévenu, renseigné. C'était un black out total. Bonne nouvelle, il y a presque deux ans maintenant, il y en a un qui a été extradé de Norvège. C'est le seul espoir pour l'instant qu'on ait. Je vais avoir 63 ans. J'espère au moins en avoir un en face de moi, que je puisse le regarder dans le blanc des yeux. Cela ne me rendra pas mon père, mais au moins, j'aurais ça. J'ai tellement eu d'espoirs anéantis. Je prendrai ce qu'il y a à prendre. Si c'est bon, je serai heureux. Si ce n'est pas bon, je retournerai dans mon chagrin. On était les grands oubliés dans l'histoire du terrorisme", conclut Manuel.