Trois ans après l'attentat de Nice, un certain nombre des 150 parties civiles seront reçues cet été par les juges d'instruction qui enquêtent sur les mesures de sécurité déployées le soir du 14 juillet 2016, a-t-on appris mardi auprès d'un de leurs avocats.
"Un grand nombre d'irrégularités et de fautes"
"Il va les recevoir par correction, et à leur demande, pour expliquer ce qu'il a fait", s'est félicité auprès de l'AFP Jérémie Assous, avocat de l'association des victimes Promenade des Anges, saluant l'"excellente instruction" d'Alain Chemama "malgré les très fortes pressions". "Les interrogatoires sont de très haut niveau", a-t-il ajouté à propos des auditions sous statut de témoins assistés du préfet Adolphe Colrat, de son directeur de cabinet Xavier Lauch, aujourd'hui chef de cabinet d'Emmanuel Macron, ainsi que du maire Christian Estrosi et de son premier adjoint.
Statut intermédiaire entre simple témoin et mis examen, le statut de témoin assisté permet d'être informé des charges susceptibles d'être retenues. "Au vu des déclarations des différents témoins assistés et des protagonistes, couplés aux résultats d'expertises attendus, il est certain qu'il y aura des mises en examen", assure Me Assous. La volumineuse enquête ouverte en 2017 "pointe un grand nombre d'irrégularités et de fautes", affirme encore l'avocat.
Le parquet "tout sauf indépendant" selon l'avocat des victimes
Environ 30.000 personnes étaient massées sur la Promenade des Anglais quand l'auteur de l'attentat a foncé dans la foule avec un camion de 19 tommes, au volant duquel il s'était entraîné les jours précédents. Ouverte pour "mise en danger de la vie d'autrui", l'enquête a été élargie à la qualification d'"homicide et blessures involontaires", davantage susceptible de déboucher sur un procès.
"Ce qui est honteux, c'est que le parquet aurait dû être à l'origine de toutes ces demandes, être un allié, un protecteur des victimes", reproche Me Assous, accusant le procureur de Nice Jean-Michel Prêtre de "mauvaise foi caractérisée dans ce dossier" : "On voit qu'il est tout sauf indépendant". "Je ne pense pas que c'est un dossier qui prenne plus de retard que ça, dans le sens où l'essentiel des investigations a pu être fait. Il y a eu des personnes entendues au plus haut niveau de responsabilité. On est au stade où il faut développer plus le volet victimes", avait de son côté estimé Jean-Michel Prêtre lundi lors d'une rencontre avec la presse.