Ni "stratagème", ni "magouille": les avocats de Bernard Tapie ont vivement contesté jeudi à Paris tout "trucage" dans l'arbitrage qui avait octroyé 403 millions d'euros en 2008 à l'homme d'affaires, au dernier jour de son procès à Paris pour "escroquerie". Le jugement sera connu le 9 juillet.
"Tapie n'est pas escroc"
"Bernard Tapie n'a commis aucune infraction quelconque. Bernard Tapie n'est pas un escroc", a tonné dès le début de sa plaidoirie devant le tribunal correctionnel Me Hervé Temime, l'un des défenseurs de l'homme d'affaires affaibli à 76 ans par un double cancer.
Le parquet a requis cinq ans de prison contre Bernard Tapie pour sanctionner la mise en place d'un arbitrage "truqué", qui lui avait notamment accordé 45 millions pour son préjudice moral, afin de solder son vieux litige avec le Crédit Lyonnais, lié à la revente d'Adidas dans les années 1990.
Trois ans de prison requis contre Stéphane Richard
Des peines de prison ont également été demandées contre quatre de ses coprévenus. Trois ans d'emprisonnement dont 18 mois avec sursis ont notamment été requis à l'encontre du PDG d'Orange Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy lors de l'entrée en arbitrage.
Ces "peines extravagantes" viennent "compenser la faiblesse de l'accusation", "vide de preuves", a fustigé Me Temime. Près de lui, Bernard Tapie, costume bleu sombre et écharpe nouée autour du cou, acquiesce à chacun des propos, sourire en coin, le regard souvent tourné vers la partie adverse. Si l'arbitrage controversé a été annulé définitivement au civil pour "fraude", et que Bernard Tapie a été condamné à rembourser les sommes perçues, le tribunal correctionnel n'est pas "une chambre d'enregistrement", a déclaré Hervé Temime. "Sur un plan pénal, il n'est pas possible de condamner Bernard Tapie", a ajouté le pénaliste.