Un témoignage exceptionnel. Celui de Bahia Bakari, seule rescapée du crash de la Yemenia Airways en 2009. Lundi matin, la jeune femme, aujourd'hui âgée de 25 ans, a raconté son histoire à la barre du tribunal judiciaire de Paris lors de l'ouverture du procès de ce drame qui a coûté la vie à 152 personnes.
Au départ, un vol d'avion "des plus communs"
À l'époque, Bahia Bakari avait seulement 12 ans. Elle se rendait aux Comores pour un mariage avec sa mère et se souvient d'un vol d'avion qui était d'abord "des plus communs". "À l'approche de l'atterrissage, les hôtesses de l'air vérifient que chacun est bien attaché. Surviennent alors des turbulences qui n'inquiètent personne."
La jeune femme se rappelle avoir ressenti une sensation, qu'elle compare à "une décharge électrique. Je me sens tirée vers le haut, toujours attachée, et après, c'est un vrai trou noir. Une fois dans l'eau, je n'étais plus attachée."
Une jeune femme "courageuse"
La fillette se réveille dans un océan agité, rempli de kérosène. Elle s'agrippe alors à un débris d'avion qu'elle ne lâchera plus. Elle se souvient de la voix de femmes qui appellent à l'aide, avant le silence. "Je me convaincs que tout le monde est arrivé et que je suis toute seule. Que ma mère, arrivée aussi, n'aurait pas supporté que je baisse les bras", raconte la jeune femme avec une force incroyable.
Une dizaine d'heures plus tard, elle est secourue, avec quelques blessures physiques. Son œil gauche, sa clavicule et son bassin sont fracturés. Ses pieds sont brûlés. "Mais ma plus grande blessure est la perte de sa mère", confie-t-elle, très émue. "J'ai repris l'avion deux ans après, elle était enterrée aux Comores, donc c'était important d'y retourner", conclut Bahia Bakari. Une jeune femme "courageuse", au "destin exceptionnel", ont souligné en chœur le tribunal et les avocats des parties civiles.
Le procès du crash de la Yemenia Airways se poursuit jusqu'au 2 juin prochain. La compagnie est jugée pour homicides et blessures involontaires.