Autoroute A69 : la justice retarde sa décision, colère des opposants
Le tribunal administratif de Toulouse a choisi ce lundi de relancer l'instruction de l'A69. La nouvelle audience permettra au tribunal administratif de "se prononcer sur la légalité des autorisations environnementales" du chantier de l'autoroute Toulouse-Castres.
Alors que sa décision était très attendue sur la poursuite ou non du chantier de l'autoroute Castres-Toulouse, le tribunal administratif de Toulouse a choisi ce lundi de relancer l'instruction de ce dossier brûlant, provoquant la fureur des militants écologistes.
Dans un communiqué, l'instance administrative a annoncé qu'"une nouvelle audience en vue de se prononcer sur la légalité des autorisations environnementales" se tiendra "dans les prochains mois", ouvrant ainsi la porte à une poursuite du chantier.
Une décision "purement illégale"
Le tribunal précise que des "notes en délibéré" ont été versées au dossier par des parties à l'issue de l'audience du 25 novembre et que "dans l'intérêt d'une bonne justice, celles-ci ont été communiquées afin que toutes les parties à l'instance puissent utilement et exhaustivement débattre de la pertinence des arguments et éléments qui y sont exposés", sans plus de précisions.
"Le seul objectif de cette décision, c'est de poursuivre les travaux. C'est scandaleux", a fustigé auprès de l'AFP Cécile Argentin, présidente de France Nature Environnement Occitanie Pyrénées, une des organisations opposées à l'A69.
"Alors que tout a été clôturé et que le jugement devait être annoncé, normalement ce n'est pas possible de rouvrir une séance de débat", a-t-elle poursuivi, dénonçant une décision "purement illégale".
Annulation des arrêtés préfectoraux
Le 20 novembre, à la surprise générale, la rapporteuse publique avait rendu un avis hostile au chantier, invitant la justice administrative à annuler les arrêtés préfectoraux autorisant la construction de l'autoroute, ce qui aurait provoqué une suspension de travaux.
Ce projet d'axe autoroutier entre Toulouse et Castres, dont l'objectif affiché est de désenclaver le bassin de population de Castres-Mazamet dans le sud du Tarn, devait raccourcir d'une vingtaine de minutes ce trajet d'environ 1h30.
Un gain de temps que ses opposants jugent négligeable au regard des destructions de zones humides, terres agricoles, écosystèmes et nappes phréatiques que suppose un chantier d'une telle ampleur, alors que, soulignent-ils inlassablement, l'actuelle route nationale est loin d'être saturée.
De fortes contestations
Depuis deux ans, l'A69 a déclenché une vive contestation : installations de ZAD (zones à défendre) dans plusieurs bosquets, grands rassemblements de militants écologistes sur le tracé émaillés de heurts avec les forces de l'ordre, manifestations contre les usines à enrobé et recours judiciaires de toutes sortes. L'A69, tronçon de 53 km devant relier l'autoroute Toulouse-Albi (A68) à Castres, doit être ouvert à la circulation fin 2025.
La société Atosca, constructeur et futur concessionnaire, met en avant que près de 300 millions d'euros ont déjà été investis dans le chantier depuis son démarrage en avril 2023, sur un budget prévisionnel de 450 millions, et que 70% des ouvrages d'art ont été réalisés.
"Atosca prend acte de la décision du tribunal administratif de Toulouse, et produira ses observations dans le délai de 45 jours imparti par le tribunal", a indiqué à l'AFP une porte-parole du maître d'oeuvre.
Dans l'intervalle, Atosca entend poursuivre les travaux. "On rouvre (l'instruction), donc nous on continue. Les gars sont sur le chantier aujourd'hui, ils y seront demain", a-t-elle ajouté.
Le grand soutien des élus locaux
La construction de l'A69, un projet porté par l'État, est soutenue par de nombreux élus locaux, le département du Tarn et la région Occitanie, ainsi que des acteurs privés, comme Pierre-Fabre, un des principaux laboratoires pharmaceutiques français.
Pierre-Yves Revol, le patron des laboratoires Pierre Fabre, principal employeur du Sud du Tarn, avait menacé fin novembre de "remettre en cause le développement local" de l'entreprise en cas d'arrêt du chantier de l'A69 Toulouse-Castres, dans un entretien à La Dépêche du Midi.
Faisant écho à leurs arguments, la rapporteuse publique Mona Rousseau avait jugé "excessif" d'invoquer une "véritable situation d'enclavement" du sud du Tarn.
La magistrate avait également souligné que le gain de temps permis par cette autoroute payante s'accompagnerait d'une "dégradation" de la route gratuite, cet "itinéraire de substitution" traversant à nouveaux les bourgs tarnais de Soual et Puylaurens car leurs contournements, aujourd'hui gratuits, sont intégrés à l'A69.