Jean-Baptiste Djebbari a estimé mardi qu'il n'était pas souhaitable ni réaliste d'exiger des concessionnaires de rendre gratuit l'accès aux autoroutes pendant tout l'été, comme le demandait en fin de semaine dernière Carole Delga, la présidente socialiste de la région Occitanie, dans l'idée d'aider aux départs en vacances et à la relance du secteur touristique. Carole Delga a réagi et maintenu sa position mardi.
Une proposition jugée "assez inopérante" sur le plan pratique et contractuel
"Cette position, on le comprend bien, est un peu politique", a déclaré le secrétaire d'État sur BFMTV. "Sur le plan pratique et contractuel, elle est assez inopérante", a-t-il ajouté pour qualifier la proposition de la présidente de la région Occitanie. "Mme Delga sait très bien que tout ça est noué et géré par des contrats qui, d'ailleurs, n'ont pas été négociés par nous mais qui continuent à s'appliquer", a rappelé Jean-Baptiste Djebbari, faisant allusion à la privatisation des autoroutes françaises dans les années 2000.
"Si Mme Delga veut rembourser le niveau de péages aux sociétés concessionnaires en Occitanie, je l'invite à entrer en contact avec les concessionnaires en question", a-t-il ironisé. Le secrétaire d'Etat, qui a rappelé que les concessionnaires avaient rendu les péages gratuits pendant la crise sanitaire pour les personnels soignants, a jugé qu'il n'était pas souhaitable de priver ces sociétés d'une source de revenus dans le contexte actuel.
"On a besoin encore des concessionnaires pour faire des investissements assez majeurs", a-t-il estimé, évoquant notamment l'installation de bornes pour véhicules électriques. Ces dernières sont actuellement au nombre de 24.000 sur l'ensemble du réseau routier, concédé ou non, et Jean-Baptiste Djebarri juge possible de faire passer leur nombre à 100.000 dès 2021, au lieu de 2022.
"Faire de la politique, M. Djebbari, c’est s’occuper des gens !"
La présidente de la région Occitanie et ancienne secrétaire d'Etat chargée du Commerce a répondu au secrétaire d'État mardi en fin de matinée par un tweet incisif : "Faire de la politique, M. Djebbari, c’est s’occuper des gens !", a écrit Carole Delga. "Balayer ma proposition du revers de la main avec cet argument n’est pas très sérieux. Cela mérite au moins un tour de table et je m’étonne du manque de dialogue entre l’État et les sociétés autoroutières pour s’adapter à cette situation exceptionnelle", a-t-elle ensuite poursuivi dans un communiqué.
« Faire de la politique », M. Djebbari, c’est s’occuper des gens !
— Carole Delga (@CaroleDelga) May 19, 2020
C’est pourquoi je demande un acte de solidarité nationale de la part des sociétés d’#autoroutes pour le #pouvoirdachat des Français et le soutien aux emplois touristiques.pic.twitter.com/bfOUT5W37F
"C’est du pouvoir d’achat des Français dont il est question, mais aussi de sauver la saison touristique qui est l’un des piliers de l’économie nationale avec près de deux millions d’emplois directs et indirects", a rappelé Carole Delga. "J’estime que dans cette période, le dialogue et l’échange pour trouver ensemble des solutions concrètes à offrir à nos concitoyens doit être notre priorité. C’est pourquoi j’ai écrit le 18 mai aux présidents des sociétés autoroutières afin de leur demander un acte de solidarité nationale en modérant leurs tarifs de péage pour l’été 2020", a-t-elle conclu.
L'Occitanie accueille chaque année 30 millions de touristes pour 200 millions de nuitées, ce qui fait un chiffre d'affaires de 15,9 milliards d'euros. Ce secteur emploie directement 100.000 personnes et représente 10% du PIB régional.