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Sandrine Prioul (Correspondante à Rennes) // Crédit photo : Damien MEYER / AFP , modifié à
Rennes est depuis quelques années, le théâtre de violents affrontements sur fond de trafic de drogue. Avant la crise du Covid-19, la situation était assez calme, confessent les forces de l'ordre locales. Mais l'arrivée de gangs parisiens dans la ville a transformé radicalement le trafic local. Riverains et policiers espèrent maintenant que l'opération "Place nette XXL" portera ses fruits.

Rennes, nouvelle plaque tournante de la drogue ? Pour rappel, une opération "Place nette XXL" a récemment été mise en place dans la ville, avec une centaine de policiers qui occupent un territoire de quelques centaines de mètres carrés pour assécher 13 points de deal où toutes les drogues sont livrées en continu. Car dans la ville bretonne, le trafic de drogue a changé de nature en quelques années. De l’aveu des autorités, du procureur au bailleur social en passant par les forces de l’ordre, le deal s’est transformé progressivement depuis le Covid-19, notamment depuis l'arrivée de gangs parisiens, qui affrontent les trafiquants rennais. 

"Les accès sont bloqués"

"On était envahis, on montrait même nos cartes d'identité pour rentrer chez nous", confie une habitante au micro d'Europe 1. Les riverains sont envahis par un business à 25.000 euros minimum par jour, qui va du cannabis à l'héroïne. Ce cash si facile que soudainement, les petits dealers de province se sont transformés en narcotrafiquants, défendant leur territoire à l'arme automatique contre des gangs venus d'ailleurs. 

Avant, "c'était bon enfant, même si ce n'était pas normal que cela se fasse là non plus", poursuit la riveraine. "Mais après, ça s'est dégradé. Et ces gens-là sont cagoulés. Les accès sont bloqués, on est obligés d'ouvrir des barrières pour pouvoir sortir de chez nous parce que justement, il y a eu du laisser faire", regrette-t-elle. 

La police veut croire en l'accalmie

Depuis, on revoit les familles investir cette place de ZUP après des expulsions de squats, des tonnes de gravats anti-interpellation à la benne et au prix d'une mobilisation policière forte. Un répit fragile pour les riverains. "Il y a quand même un commissariat de secteur, il y a de la vie dans le quartier. Le bâti est plutôt de bonne facture. Ce n'est pas le cas dans bon nombre de villes où j'ai pu officier", juge de son côté le nouveau chef de la police, Yannick Blouin, qui veut croire un retour au calme durable. 

"On n'est pas encore au point de bascule où on s'aperçoit que le contexte est quand même beaucoup plus dégradé. Et de toute façon, on ira vraiment jusqu'au bout", poursuit-il. Les autorités se sont données encore trois semaines pour venir à bout des trafics. Un délai évidemment trop court, rétorquent les voisins.