Bac 2016 : notre corrigé des sujets d'Histoire-géo en séries L et ES

Baccalauréat Bac
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Notions, plans, pièges à éviter, un professeur d'Histoire-géo fait la correction "à chaud" de l'un des sujets des filières L et ES.

Baccalauréat, jour 2. Après l'épreuve de philosophie mercredi, les candidats ont planché jeudi matin sur l'histoire-géo. Les filières ES et L ont écopé du même sujet, avec une dominante 'Histoire'. Hugo Billard, professeur d'Histoire-Géo au lycée Saint-Michel de Picpus, à Paris, a accepté de jouer le jeu de la correction "à chaud" pour le sujet 1 de ces filières : "les mémoires : lecture historique".

  • Sujet 1 a : "L'historien et les mémoires de la Seconde Guerre mondiale en France"

Les notions à aborder. "Ce sujet traite d'abord de la question de la reconstruction politique après la guerre, de la relation entre la Résistance et la collaboration et de son impact. Il faut également aborder la question des 'types de mémoire' : mémoire gaulliste, mémoire communiste, mémoire juive, mémoire conflictuelle etc. Ces questions vont prendre de l'ampleur notamment avec le procès Eichmann (un haut fonctionnaire nazi jugé pour crime de guerre) en 1961. Il faut citer le livre de Robert Paxton, La France de Vichy, ou encore le film Shoah de Claude Lanzmann, qui ont une importance capitale pour comprendre l'histoire de ces mémoires conflictuelles. Le procès de Klaus Barbie (cadre de la police nazie, surnommé 'le boucher de Lyon' ndlr), ouvert en 1987, stimule encore plus les historiens mais aussi les médias. On arrive alors dans une situation ou l'Etat est obligé de prendre position. On passe d'un mythe de la Résistance au fait que l'Etat accepte le fait qu'il y ait des mémoires conflictuelles".

La construction du sujet. "Plusieurs plans peuvent se tenir. Celui-ci est possible : une première partie sur le temps du mythe de la résistance (1945-1973), une deuxième sur le temps des procès et du négationnisme (1973-1995) et une troisième sur la reconnaissance des mémoires conflictuelles et le devoir de mémoire (de 1995 à nos jours)".

Les pièges à éviter. "La tentation à éviter serait de prendre parti. Ensuite, le sujet porte sur 'l'historien et les mémoire'. Il faut donc citer des historiens, a minima Robert Paxton, et ce serait bien de citer aussi Pierre Laborie et Denis Peschanski".

  • Sujet 1b : "L'historien et les mémoires de la guerre d'Algérie"

Les notions à aborder. "C'est un sujet très compliqué. Il faut aborder la question des conditions et des conséquences de la décolonisation. Il faut aussi parler du modèle de développement algérien, après l'indépendance mais aussi avant, avec la question du modèle du Front de libération nationale complètement antinomique par rapport à celui de l'Etat français. Le sujet évoque aussi la question des conflits des groupes de mémoire : les Anciens combattants, les harkis, les deux Etats (algérien et français) etc. Il y a aussi la question de la résistance mémorielle. Longtemps, la question de la guerre n'était pas traitée par l'Etat, dans les programmes scolaires par exemple. Dans les années 60-70, il n'y avait que des historiens engagés, Pierre Vidal-Naquet par exemple. Puis des historiens plus détachés ont commencé à travailler sur ses questions : Benjamin Stora ou, plus proche de nous, Raphaëlle Branche.  On assiste après les années 70 à une ouverture progressive des sources écrites, alors que l'on se basait sur des témoignages oraux jusque-là".

La construction du sujet. "Un plan possible pourrait être celui-ci : partie I, les travaux historiques sur des témoignages oraux, partie II, des travaux historique avec un impact politique fort et des querelles de mémoire, partie III, un apaisement progressif et une ouverture des sources. Cette dernière partie est l'occasion d'évoquer la reconnaissance par l'Etat, en 1999, de la guerre d'Algérie".

Les pièges à éviter. "C'est un sujet compliqué. L'erreur classique est, là encore, de prendre parti, de donner son avis. Ensuite, il faut bien penser à citer des historiens : Pierre Vidal-Naquet, Benjamin Stora, Raphaëlle Branche etc".