Après une année de lycée perturbée par la pandémie de coronavirus, c'était l’heure du baccalauréat de philosophie jeudi matin pour plus de 500.000 lycéens. La seule épreuve maintenue avec le grand oral. Mais elle a été aménagée, puisque la note retenue sera la meilleure parmi l’épreuve écrite ou le contrôle continu. "Discuter, est-ce renoncer à la violence ?", "l'inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?" ou encore "sommes-nous responsables de l'avenir ?", voici les trois sujets de dissertation sur lesquelles les élèves de terminale ont planché jeudi matin. Pour le commentaire, un texte d’Emile Durkheim était proposé.
"Je n'étais pas très inspiré"
Devant le lycée Fénelon, à Paris, beaucoup d’élèves sont sortis plus tôt. Parfois même dès 9h15, l’heure légale pour ne pas avoir zéro. C’est le cas de Thibault. "Je n'avais pas énormément d'enjeu, j’ai eu 15 en contrôle continu. Donc je n'ai pas spécialement énormément révisé pour cette épreuve", confie le jeune homme. "J'ai quand même essayé de commencer à composer sur l'explication de texte. Mais je n'étais pas très inspiré", poursuit-il.
Tout comme ces lycéennes qui débriefent un peu plus loin les sujets proposés. Grâce aux aménagements, elles avaient, elles aussi, multiplié les impasses. Les intitulés "étaient moins scolaires que ce que l’on a fait pendant l’année", lance l’une d’entre-elles. "On a fait des sujets très conventionnels où il fallait juste dérouler le plan de cours comme 'La vraie vie commence-t-elle lorsque le travail s'arrête ?'", détaille la lycéenne. Avant d’ajouter : "on sent qu’ils avaient envie qu’il y ait plus de réflexion personnelle là." Sa camarade lui répond directement : "peut être qu’ils ont fait exprès comme nous n’avons pas eu tous nos cours."
Des sujets "plutôt classiques et relativement clairs"
Pour Philippe Danino, professeur de philosophie au lycée Alexandre Dumas de Saint-Cloud, les sujets proposés étaient, au contraire "plutôt classiques et relativement clairs". Il était selon lui facile de "retrouver des notions du programmes". Sur la question de l’inconscient par exemple, "c'est le genre de sujet qui a été souvent donné sous des formes un peu différentes".
Ce qui fait l’originalité de ces sujets classiques est que nous pouvons les penser "à la lumière de notre réalité", poursuit le professeur. Pour "sommes-nous responsables de l'avenir ?", il est, selon lui, possible de penser "à l'écologie, au réchauffement climatique". Le piège était donc de ne pas oublier dans sa copie "les enjeux plus larges de ce genre de questions concernant l'avenir de l'homme en général".