Le coup d'envoi du bac, traditionnellement donné en juin, intervient cette année fin janvier : la période des épreuves communes de contrôle continu, les "E3C", s'est ouverte lundi pour les lycéens de Première et durera jusqu'à la fin du mois de mars, selon le calendrier de chaque établissement. Mais plusieurs dizaines d'actions menées par les opposants à la réforme du bac ont touché des établissements de toute la France, comme à Carhaix, Lille, Rennes, Bordeaux ou encore Saint-Étienne.
Selon le ministère de l'Éducation, une quarantaine de lycées ont été perturbés temporairement et dix ont reporté partiellement ou totalement les épreuves. Au total, 400 lycées (sur plus de 4.000) étaient concernés lundi par ce passage d'épreuves. Selon un premier décompte du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, "40% des établissements qui passaient les épreuves ont été concernés par des grèves, des manifestations ou encore des actions symboliques".
"On est un peu le brouillon"
À Montauban, par exemple, les élèves du lycée Bourdel ont perturbé les épreuves qui devaient se dérouler lundi matin. Beaucoup ont refusé de passer cet examen ; certains élèves sont montés dans les étages de l'établissement pour chanter dans les couloirs et déclencher les alarmes incendies. Quelques épreuves comptant pour la filière technologique ont pu se tenir, mais dans des conditions particulièrement difficiles.
Pour quelle raison les élèves protestent-ils cette mesure phare de la réforme du bac de Jean-Michel Blanquer ? "Il y a eu les vacances, on n'a pas eu cours, il y a eu les grèves pour les retraites, on n'a pas eu cours non plus", déplore Clémentine, qui a boycotté son épreuve d'anglais. "Ça arrive comme ça, lundi, et on sait qu'on le passe maintenant mais que d'autres vont le passer après. Ce n'est pas du tout juste, on est un peu le brouillon."
"Je dois défendre mes élèves"
Certains professeurs ont également refusé de surveiller les épreuves. "Les contenus du programme sont vraiment inadaptés par rapport aux épreuves qu'on leur demande en cours d'année", se plaint Laure, professeur d'espagnol. "Il y a des axes entiers qu'ils n'ont pas vus. Ils ne sont pas aptes, ni dans le contenu, ni dans les méthodes, à répondre à ces épreuves. Je dois défendre mes élèves, je ne peux pas les laisser dans cette situation." Au lycée Bourdel, l'administration a finalement reporté quelques épreuves du bac général à cette après-midi. Mais les lycéens grévistes, qui se sont installés devant les grilles de l'établissement avec de la musique et des banderoles contre les E3C, n'ont pas l'intention de laisser ces examens se dérouler comme prévu.
Impréparation, improvisation… Les critiques sur le déroulement de ces "E3C" sont partagées par de nombreux enseignants à travers la France. "Tout ça s'est fait dans la précipitation", déplore un professeur de sciences à Paris. "Les professeurs ont puisé dans la banque de sujets mais les élèves n'ont pas été préparés. Généralement, quand il y a une banque de sujets, on se concerte pour que tout le monde sache ce qu'il faut faire. Les élèves se posent des questions mais n'ont pas de réponse, donc inquiétude, inquiétude, inquiétude…" D'autres élèves ont confié à Europe 1 leur désarroi face au format inconnu des épreuves. Pour rassurer les parents, chacune de ces épreuves ne représente que 1,7% de la note finale du bac.