"Ce que je sais, c’est que je ne sais rien" ; "connais-toi toi-même" (Platon) ; "Je pense, donc je suis" (Socrate). "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas" (Pascal)… Voici quelques-unes des citations les plus célèbres de l’histoire de la philosophie. Ces phrases, les professeurs de philosophie chargés de corriger des épreuves du bac, qui aura lieu lundi, les trouveront sans doute à plusieurs reprises dans les nombreuses copies qu’ils auront à noter. C’est que, trop souvent, les candidats au célèbre diplôme tombent dans le piège de la citation facile. S’il n’est pas inutile de parsemer sa dissertation de petites phrases célèbres, l’exercice répond tout de même à certaines règles, à respecter scrupuleusement.
La philosophie, une épreuve de réflexion plus que d’érudition
Avant d’aborder une épreuve de philosophie, il faut d’abord penser à réfléchir plutôt qu’à réciter des savoirs. "En philosophie, la connaissance de la pensée de grands auteurs est donc un auxiliaire essentiel. Mais l'épreuve de philosophie n'est pas une épreuve d'érudition mais de réflexion", expliquait Marianne Chaillan, auteure de Harry Potter à l'Ecole de la Philosophie, à Europe1.fr. "Surtout, il ne faut pas rabattre le sujet, qui sera toujours singulier, sur un cours appris par cœur qui lui ressemble et que l'on plaquera pour mieux se rassurer. En effet, on sera rassuré mais on sera aussi passé à côté du cœur de l'épreuve, qui sera ratée", poursuit cette prof de philo au lycée St-Joseph de la Madeleine à Marseille.
Mieux même, selon le philosophe Guillaume von der Weid, le candidat ne doit pas hésiter à puiser dans son propre répertoire. "Il faut que le candidat s'autorise à utiliser ses propres exemples ainsi que son ressenti et son vécu personnel, qui représentent une matière énorme et très riche", explique à Europe 1 cet enseignant à Sciences-Po. "Qu'il en ait conscience ou non, l'élève a à sa disposition une multitude de connaissances qui rendront sûrement sa copie plus profonde que s'il plaquait simplement des citations. Cela explique le fait que citer soit souvent contre-productif."
Des citations à l’appui de son propos, et non l’inverse
Inutile donc d’enfiler les citations comme des perles pour montrer que l’on connaît les cours par cœur. "Si l'on veut que le correcteur soit intéressé et trouve la copie pertinente, il faut le percuter de façon constructive", reprend Guillaume von der Weid. "Il faut voir le moment de la notation comme un rendez-vous galant. Si vous assommez votre interlocuteur de votre savoir sans l'imager, à la manière d'un listing et afin d'étaler votre culture générale, vous allez vite l'ennuyer. Cela pourra même être un tue-l'amour", prévient le philosophe.
Pour ce dernier, la citation ne doit servir "qu'en tant qu'illustration". Elle vient en "deuxième lieu, après que l'on ait fait le plus gros du travail. Si l'élève part de ses propres connaissances puis qu'il trouve des citations et thèses en rapport, bingo !", conclut Guillaume von der Weid.