Remettre une copie "bourrée" de fautes de français le jour de l’examen du baccalauréat n’est certainement pas du meilleur effet. Mais est-ce encore pénalisant, alors que le niveau en orthographe des Français ne cesse de baisser ? L’orthographe et la grammaire du candidat sont-elles toujours scrutées à la loupe par l’examinateur ?
Des professeurs correcteurs au bac ont répondu aux questions d’Europe 1.
Des consignes nationales strictes. Valérie Chester est professeure de lettres dans un lycéen parisien où elle enseigne en seconde, première et en BTS. Cette année, elle sera correctrice au bac de français qui se déroule en première. Elle explique : "la consigne est stricte : on doit pénaliser la copie, mais pas au-delà de deux ou trois points. En général, on comptabilise le nombre de fautes d’orthographe et de syntaxe sur une page entièrement rédigée, et on commence à sanctionner à partir de dix fautes. L’an dernier, on décomptait moins un point, je crois".
Qu’arrive-t-il si le correcteur tombe sur une copie excellente sur le fond mais pleine de fautes d’orthographe ? "On l’évalue d’abord pour son contenu", explique Valérie Chester, "puis on pénalise l’expression en tenant compte du barème. La retenue doit être appliquée sur la note globale et clairement indiquée sur la copie. Par exemple, on mettra 'copie évaluée 16 (contenu, structure, etc) - 2 points = 14'".
Cela dépend aussi des académies. Mais, attention, les consignes se donnent aussi au niveau des académies. C’est ce que nous révèle Magali Costa, professeure de français dans la Marne, dans l’académie de Reims. "En ce qui concerne mon académie, dont le niveau national est l’un des plus faibles, les consignes de correction nous préconisent de ne pas spécialement sanctionner les fautes d’orthographe, si la copie est cohérente et montre que le candidat a compris l’exercice demandé". En clair, les meilleures académies vont se contenter des consignes nationales tandis que les académies plus faibles vont demander aux correcteurs de faire preuve de clémence.
Les conseils des profs de français. Que faire le jour j si vous êtes angoissé par vos lacunes en orthographe et syntaxe ? "Le plus important est de bien lire textes et consignes, de travailler d’abord à un plan, et non pas de rédiger un brouillon que l’on recopie intégralement, fautes comprises… Il faut réserver un temps suffisant, de dix à quinze minutes, à la relecture et à la correction de la copie", conseille Valérie Chester. Elle ajoute : "je déconseille aux candidats en grande difficulté de choisir a priori l’écriture d’invention qui leur paraît plus facile car c’est sans doute celle où la qualité et la richesse de l’expression font la différence". Magali Costa préconise elle "de faire des phrases très simples (sujet, verbe, compléments), courtes, ce qui évite les fautes d’accords" et rassure : "le lycée angoissé par son orthographe doit savoir qu’il perdra au maximum deux ou trois points, ce qui lui en laisse 17 ou 18!".
Et dans les autres matières ? Dans les autres matières, les consignes sur les fautes de français n’existent tout simplement pas ! Yves Lavared, professeur d’histoire-géographie en région parisienne explique que "s’il y a des limites à ne pas dépasser, laissées à la libre appréciation du correcteur, il n’existe pas de consignes". François Jourde, professeur de philosophie, renchérit : "les fautes de français n’entrent pas officiellement dans l’évaluation, aucun barème de points ni de pénalités automatiques n’est prévu". Lui déplore que certaines fautes finissent pas brouiller le sens des phrases : "quand les phrases perdent leur structure et leur signification : on ne sait pas précisément ce qu’a voulu dire le candidat". Il conseille ainsi aux lycéens de traquer les fautes : "remettre une copie bien écrite, ce n’est pas qu’une question de stratégie pour gagner des points, c’est une aussi une question de politesse".
Bac : avoir une mention sert-il encore à...par Europe1fr